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Vu de Rome

Jérôme Lejeune et les défis de la bioéthique au XXIe siècle

Pour la deuxième année consécutive, la chaire de bioéthique internationale Jérôme Lejeune a organisé, lors du week-end de Pentecôte, son congrès annuel sur le thème « Jérôme Lejeune et les défis de la bioéthique au XXIe siècle. » 

Il fait un temps splendide à Rome ce vendredi matin 17 mai lorsque, longeant la place Saint-Pierre de Rome baignée d’une douce lumière, nous pénétrons dans l’Augustinium, palais des congrès placé sous le patronage de saint Augustin. Accueillis par Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune et le professeur Monica Lopez Barahoma, présidente de la chaire internationale de bioéthique Jérôme Lejeune, les nombreux participants se pressent pour récupérer badge, programme et casque audio pour la traduction. Ils sont près de 400, dont beaucoup de jeunes Français et Espagnols, à être venus du monde entier, écouter une trentaine d’intervenants, médecins, professeurs, scientifiques, mais aussi parents faire le point des enjeux de bioéthique, témoigner de leur expérience et approfondir la pensée du professeur Jérôme Lejeune, déclaré Vénérable en 2021. L’organisation est impeccable et chaleureuse, la traduction simultanée en quatre langues permet à chacun de suivre le fil des exposés, de haut niveau, dans sa langue maternelle ou à défaut en anglais.

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Tu ne tueras point, mais pourquoi ?

Le 4 mars 2024, la France a inscrit dans sa Constitution le droit à l’avortement. Le 10 avril, le projet de loi sur l’accompagnement des malades et de la fin de vie est arrivé à l’Assemblée nationale, présentant une ouverture à l’aide active à mourir. L’homme moderne continue de fabriquer sa morale sans aucun égard pour Dieu… ni pour lui-même. Mais que dit l’Église ?

Une Église en sortie, mais pas n’importe où

L’Église vit une triste époque où plus rien ne semble à l’abri d’une remise en cause. Tout est en débat dans l’Église, sa doctrine, sa morale et jusqu’à sa constitution divine. Le synode sur la synodalité en est l’illustration parfaite et Fiducia Supplicans la dernière conséquence la plus effarante. Aucun effort ne semble épargné pour s’aligner sur le monde moderne en abandonnant toute trace de la Tradition catholique. Et pourtant, il reste encore des pierres d’achoppement avec la « morale » moderne, comme l’avortement et l’aide active à mourir. Deux sujets sur lesquels l’Église ne semble pas prête à la moindre concession. Mais qu’est-ce qui pousse le pape François à faire rentrer son Église « en sortie » à la maison quand on aborde ces sujets ? Un retour à la Tradition ?

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Fiducia supplicans

Le 18 décembre 2023, le dicastère pour la Doctrine de la foi, présidé depuis peu par le cardinal Victor Manuel Fernandez, a jeté un pavé dans la mare en publiant la déclaration Fiducia supplicans qui autorise la bénédiction des couples irréguliers et de même sexe. Ce texte a été largement commenté, notamment dans le n°440 (janvier 2024) de la revue DICI où vous retrouverez le communiqué intégral du Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X. Nous nous bornons ici à présenter un aperçu des différentes réactions à cette déclaration qui « n’évite ni la confusion ni le scandale. » (Communiqué de l’abbé Pagliarani, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, le 19 décembre 2023).

Toujours plus loin…

Il y a un peu plus de deux ans, le dicastère pour la Doctrine de la foi publiait une réponse ad dubium affirmant l’impossibilité pour l’Église catholique de bénir les couples de même sexe car Dieu ne peut bénir le péché. Le texte, signé par le pape François, avait évidemment déçu la portion avant-gardiste de l’Église ; particulièrement en Allemagne et en Belgique où ces bénédictions étaient déjà en préparation dans le sillage du Chemin synodal allemand.

Mais c’était reculer pour mieux sauter. Ou faire le grand écart en tout cas. Tout en réaffirmant la doctrine de l’Église sur le mariage, Fiducia supplicans ouvre la possibilité d’une bénédiction des couples irréguliers et de même sexe, mais non sacramentelle ni liturgique. Une bénédiction spontanée, purement pastorale qui, de ce fait, ne serait pas une reconnaissance ou une approbation de l’union elle-même. Une invention opportune pour contenter tout le monde. Ou pas…

Les réactions ne se sont pas fait attendre, les voix de nombreux évêques et conférences épiscopales se sont levées dans le monde entier pour commenter le texte. Sans pouvoir tous les citer, un petit tour d’horizon s’impose.

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Les leitmotivs du pape François

Voilà maintenant plus de dix ans que Jorge Mario Bergoglio est assis sur le trône de saint Pierre. Souvent surprenant dans ses discours et ses décisions difficiles à déchiffrer, il a pourtant martelé inlassablement ses convictions sur un certain nombre de thèmes qui caractériseront à jamais son pontificat. De véritables leitmotivs comme le droit inaliénable à l’immigration, la promotion de l’écologie intégrale ou le développement de la synodalité sur fond de syncrétisme. Voici un rapide tour d’horizon en cette fin d’année 2023.

L’accueil inconditionnel des migrants - Visite du pape François à Marseille

Le pape François s’est rendu à Marseille les 22 et 23 septembre derniers pour participer aux troisièmes Rencontres méditerranéennes présidées par le cardinal Jean-Marc Aveline. Après les deux premières éditions de Bari (2020) et Florence (2022), l’objectif était de rassembler 70 jeunes et 70 évêques représentant «la mosaïque de peuples, de cultures, de religions qui composent la Méditerranée», afin de partager la même espérance autour de quatre thèmes identifiés comme défis majeurs de l’espace méditerranéen : le défi environnemental, la question migratoire, les disparités économiques et les tensions géopolitiques et religieuses. Le rapport avec la Rédemption ne paraît pas évident, mais «servir l’unité du genre humain dans cette région si particulière» semble la priorité du pape. Après plusieurs jours de travail, les deux groupes ont pu croiser leurs analyses et rédiger une synthèse présentée au pape François. Ce dernier, qui voulait soigneusement éviter une visite officielle dans un pays développé refusant d’accueillir sans condition les réfugiés de Lampedusa, avait déclaré sans détour «Je ne vais pas en France, mais à Marseille1». Cela n’a pas refroidi Emmanuel Macron qui a dû se démener pour organiser une rencontre formelle sur place. Après une visite à Notre-Dame de la Garde, ou plutôt au mémorial des marins et migrants perdus en mer, le pape s’est rendu au palais du Pharo où il a pu développer comme jamais sa pensée sur l’immigration. Dans un discours très politique, il a rappelé la nécessité absolue d’accueillir tous les migrants, et posé comme droit inaliénable le fait de pouvoir migrer ou de ne pas migrer. Il a surtout fait une distinction inquiétante en promouvant l’intégration et en condamnant l’assimilation. Les rencontres se sont terminées au stade Vélodrome par une messe de clôture devant plus de 57 000 personnes.

Clement Girardot

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La famille catholique remise en question jusqu’au sein de l’Église

Les débats sur la famille et la morale conjugale prennent toujours plus de place au sein même de l’Église, dans un monde où les lois divines et naturelles ne jouissent plus de la moindre considération. Un petit regard rétrospectif s’impose.

Jusqu’au concile Vatican II

La famille, cellule de base de la société, a toujours été l’objet du soin attentif des pasteurs, sans avoir pour autant ses instances représentatives à Rome. Au XXe siècle, devant les attaques de plus en plus pressantes de la société moderne, les papes ont dû dresser la barrière de la doctrine, jusqu’à fonder des instances spécifiques pour la défendre et la promouvoir.

En 1930, l’encyclique Casti Conubii de Pie XI, expose avec clarté la doctrine catholique sur le mariage et la famille. Les trois fins du mariage y sont développées dans l’ordre : 1) procréation et éducation des enfants 2) soutien mutuel des époux 3) remède contre la concupiscence.

En 1963, en plein concile Vatican II, Jean XXIII fonde la Commission pontificale pour l’étude de la population, de la famille et de la natalité, pour éclairer les pères conciliaires sur les questions concernant le mariage et la régulation des naissances. Rapidement dominée par les ultra-progressistes qui voulaient un assouplissement de la discipline, la Commission ne parvient pas à produire un texte faisant l’unanimité, et Paul VI finit par suspendre les débats sur la morale dans le mariage, se réservant la réponse pour plus tard.

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