Editorial FDA 51

Chers amis,

Dans son conflit permanent avec la vie sensible, l’esprit «éclot lentement, péniblement» nous rappelle Gustave Thibon et il ajoute : «Tous les autres êtres sont ce qu’ils sont, l’homme devient ce qu’il est par un combat de chaque instant».

«Deviens ce que tu es» est le thème de notre prochain congrès dédié à l’éducation, qui se déroulera à la Martinerie les 7, 8 et 9 juillet prochains. Ne ratez pas ce moment unique dans l’année où les familles peuvent se retrouver, nouer ou consolider des liens, se former et se détendre dans une atmosphère d’amitié chrétienne. Tout est prévu pour faciliter votre accueil, notamment la prise en charge des enfants, petits et grands, par des équipes dynamiques.

Pour s’y préparer, notre dossier a pour thème «Surmonter les épreuves» tant il est vrai qu’elles matérialisent ce combat de chaque instant. Révélant et façonnant notre personnalité, les épreuves sont la preuve – selon l’heureuse formule de notre aumônier – de ce que nous valons réellement. Complétant le dossier du précédent numéro «Construire une personnalité équilibrée», celui-ci invite à réfléchir sur le sens de nos épreuves et la façon d’y faire face tant d’un point de vue spirituel que naturel. Ce dossier est aussi l’occasion de découvrir un grand écrivain catholique contemporain, Michael O’Brien, auteur du célèbre roman Père Elijah, dont l’œuvre tout entière est éclairée par ce regard profondément chrétien sur l’épreuve et la souffrance.

L’actualité : comment ne pas revenir sur la préparation du synode sur la synodalité qui occupe tant le devant de la scène de l’Église catholique et dont l’échéance se rapproche (première session générale en octobre 2023) ? De consultations en réunions d’experts et de synthèses en rapports, le Peuple de Dieu est en marche dans un univers bureaucratique, espérant y trouver l’Esprit-Saint. Tout cela prêterait à sourire s’il ne s’agissait de l’Église du Christ… En France, le projet de loi sur l’euthanasie est l’un des grands enjeux de société pour cette année 2023. À cet égard, merci à Jean-Frédéric Poisson d’être, une fois de plus, monté au créneau et d’avoir bien voulu répondre à nos questions sur ce sujet sensible. Ce projet de loi ne peut nous laisser indifférents ; il nécessite de notre part une forte mobilisation pour, a minima, convaincre notre entourage et écrire à notre député afin de lui manifester, avec courtoisie, notre désapprobation vis-à-vis de ce projet.

Bonne lecture !

Deviens ce que tu es

Cette formule lapidaire du poète1 qui conjugue l’être et le devenir, est riche d’enseignements. Saint Augustin puis saint Dominique l’ont d’ailleurs reprise pour exhorter les chrétiens à vivre en enfants de lumière et à se conformer au plan de Dieu sur eux.

La citation complète est encore plus éclairante : «Deviens ce que tu es, quand tu l’auras appris.» Elle rappelle bien que la construction de la personnalité passe d’abord par la connaissance de soi, une phase d’apprentissage et d’éducation qui s’avère incontournable.

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Le monde est fou

Wokisme, gender, antispécisme, cancel culture… Autant de mots barbares, autant de concepts absurdes niant l’ordre naturel des choses. Ces idéologies mortifères veulent effacer toute trace de civilisation, cherchent à déconstruire les sociétés, s’appliquent à neutraliser la famille afin de mieux abêtir nos enfants.

Plus cette logique de destruction avance, plus on s’enfonce dans l’absurdité. La constitutionnalisation en cours de l’avortement n’est que le dernier avatar de cette culture de mort.

Ce nihilisme social est malheureusement systématiquement relayé par nos institutions nationales, notamment celles dédiées à l’éducation.

Face à cette négation du réel, la famille est en première ligne dans la tourmente car elle demeure, de fait, le dernier îlot de bon sens.

Pour ne pas se laisser emporter, nos familles doivent s’organiser, se regrouper, s’unir entre elles pour s’entraider et se former, afin de poursuivre, envers et contre tout, leur magnifique mission éducatrice.

Le Mouvement Catholique des Familles, avec le soutien qu’il peut leur apporter (bourses, aides…), ses nombreux cercles, ses revues, son réseau d’amitié, son Congrès des familles, constitue un outil privilégié pour conforter la résistance des familles.

Dans un monde en déliquescence morale, le MCF se veut une référence d’équilibre, pour aider à transmettre les véritables vertus familiales à travers une éducation intégrale. Il s’agit de promouvoir le vrai, le bien, le beau, en développant harmonieusement, chez nos chers enfants, à la fois le corps, l’intelligence et l’âme. Car, ainsi que nous le rappelle si justement Pie XI : «L’éducation (…) s’adresse à l’homme tout entier, comme individu et comme être social, dans l’ordre de la nature et dans celui de la grâce»1.

1. Divini Illius Magistri (31 décembre 1929).

Allumez le feu...

«L’esprit n’est pas un vase qu’on remplit mais un foyer qu’on allume» dit un philosophe à propos de l’éducation. Effectivement, un des rôles primordiaux des éducateurs et donc en premier lieu des parents, consiste à transmettre à leurs enfants la flamme de l’idéal.

Allumer le feu d’un idéal élevé qui prend source dans la Chrétienté et s’enracine dans les traditions familiales ou l’amour de la patrie ; un idéal qui se concrétise dans le don de soi et s’épanouit à travers les belles et grandes œuvres ; un idéal qui enthousiasme suffisamment les cœurs de nos enfants pour les guider non seulement au cours de leur jeunesse mais aussi tout au long de leur vie, jusqu’au Ciel.

C’était l’objet du Congrès des familles de cet été à la Martinerie. Dans une ambiance familiale et sympathique, nous avons réfléchi ensemble sur : «Quel idéal pour nos jeunes» ? Conférences de haut niveau, ateliers complémentaires et échanges passionnants nous ont permis d’approfondir cette importante thématique.

Notre-Seigneur Jésus-Christ ne nous dit-il pas : «Je suis venu jeter le feu sur la terre, et combien je voudrais qu’il fût déjà allumé !». De fait, allumer le feu de l’idéal, chez nos enfants, au milieu d’une société hostile, n’est pas toujours évident. Cela exige de préparer, dès le plus jeune âge, un terrain favorable en développant les vertus naturelles. Cela nécessite de souffler délicatement sur la flamme naissante pour permettre aux vertus théologales de s’épanouir en leur âme. De beaux exemples et de grands modèles adaptés à chaque étape de l’enfance doivent sans cesse alimenter ce feu nouveau. Bien sûr, il faudra protéger avec soin cet idéal en construction pour que le matérialisme ne l’étouffe pas ou que les tourmentes de l’esclavage des écrans et de la corruption de la pornographie ne viennent l’éteindre. Surtout, il faut accepter que nos adolescents s’efforcent d’atteindre un idéal qui leur est propre, qu’ils le mettent en pratique à leur façon : on apprend en faisant, c’est en forgeant que l’on devient forgeron et non en le regardant travailler. «Les jeunes en effet s’intéressent davantage à ce qui est vraiment leur œuvre. Du reste, on ne forme des chefs et des apôtres qu’en les lançant dans l’action1

1.  Pédagogie marianiste de Paul-Joseph Hoffer, 1957.

Editorial FDA 50

Chers amis,

Le projet de loi sur la réforme des retraites et les oppositions qu’il rencontre occupe une large part de la scène médiatique. C’est un sujet important, certes, mais il y en a un autre encore plus critique qui reste dans l’indifférence générale, c’est la chute inexorable de la fécondité. Avec 723 000 bébés nés en France en 2022, le nombre de naissances atteint un point bas historique. La mise à mal de la politique familiale par les gouvernements successifs en porte une large responsabilité. L’avortement en revanche se porte bien avec plus de 220 000 par an. Manifestement, c’est insuffisant ! L’I.V.G. serait même en danger… Les lois se succèdent donc pour en faciliter toujours plus l’accès, au point de vouloir inscrire ce «droit» dans la Constitution. Pas de quoi émouvoir la Conférence des évêques de France dont le site officiel titre : «Élargis l’espace de ta tente», avec une tente de Bédouins au milieu du Sahara. Dans ses vœux adressés au ministre de l’Intérieur et des cultes, le 16 janvier dernier, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de ladite Conférence, s’il évoque en passant l’inquiétude que suscite le «débat sur la fin de vie», n’a pas un mot au sujet de la loi visant à faire de l’I.V.G. un droit fondamental inscrit dans la Constitution.

«Deviens ce que tu es», tel est le thème de notre prochain congrès des familles qui aura lieu les 7, 8 et 9 juillet prochains. Pour s’y préparer, Famille d’abord vous propose un dossier sur l’éducation dédié à la construction d’une personnalité équilibrée. Non pas une personnalité consensuelle et mondaine mais une personnalité ayant du caractère, agissant avec conviction, capable d’assumer des responsabilités, de résister aux épreuves, de garder le goût de la vie sans céder à la tentation du repli sur soi. «Deviens ce que tu es», c’est aussi le titre de l’ouvrage de Marcel et Marie de Corte, consacré à leur fils Léon mort à l’âge de 18 ans dont nous donnons à lire l’émouvante introduction à la fin de ce dossier. Éduquer1, c’est déjà prendre l’enfant comme il est, et le bon sens nous dit qu’une méthode qui ne tient aucun compte de la psychologie de l’enfant porte nécessairement à faux. Il y a donc toute une mesure de l’autorité à trouver entre l’excès de l’autoritarisme et le défaut du laxisme.

L’éducation est bien un art ! Le plus difficile de tous. Un art rendu encore plus difficile pour les enfants handicapés et leurs familles, c’est la raison pour laquelle le MCF lance une campagne de dons pour financer des accompagnants d’enfants en situation de handicap dans les écoles catholiques indépendantes. La quatrième de couverture vous donne toutes les informations nécessaires. Nous vous remercions de votre générosité.

Bonne lecture !

1. Les propos qui suivent sont empruntés au père Charmot, auteur d’Ésquisse d’une pédagogie familiale, chapitre XIV, La mesure de l’autorité.

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Chers lecteurs,

La roue tourne… Merci à Hubert le Roux pour son dévouement au profit de Famille d’abord comme rédacteur en chef pendant cinq ans. Sous son impulsion, FDA est devenue une revue de référence offrant aux familles une matière abondante sur les sujets à caractère familial et éducatif. Quant à moi, c’est un plaisir de retrouver une équipe dynamique que je souhaite aussi remercier en votre nom pour son engagement et la rigueur de son travail. Merci également au docteur Detarce qui a animé la rubrique «santé» pendant cinq ans et bienvenue à Philippe Drougard qui nous parlera du vin et de ses vertus…

Ce numéro de décembre est principalement consacré au magnifique Congrès des familles de juillet dernier sur le thème «Quel idéal pour nos jeunes ?». Vous y trouverez notamment le bilan et la synthèse des conférences1. Plus de 250 participants (600 avec les enfants) ont entendu l’appel de saint Dominique si opportunément rappelé par une dominicaine enseignante de Fanjeaux : «Il est urgent d’apporter au monde la miséricorde de la vérité». Puisse cet appel s’incarner dans notre vie quotidienne et notre engagement civique !

Deux sujets retiennent plus particulièrement notre attention en cette fin d’année 2022 : les écoles et le handicap. Vous le savez, l’étau se resserre sur nos écoles catholiques. Abus de pouvoir récurrents de certains inspecteurs du ministère, législation chaque année plus contraignante, discrimination scandaleuse au baccalauréat2: les motifs d’inquiétude ne manquent pas. Oublions donc les imperfections de nos écoles pour nous mobiliser et ne pas avoir à subir la remontrance cinglante de cette princesse maure à son fils : «Ne pleure pas comme une femme ce que tu n’as pas su défendre comme un homme». À ce sujet, nous publions dans ces colonnes, un entretien avec Michel Valadier, nouveau directeur de la Fondation pour l’école, qui rappelle l’aide que la Fondation est en mesure d’apporter aux directeurs d’établissements et les enjeux relatifs au développement des écoles hors contrat.

Le handicap : le MCF aide les écoles catholiques hors contrat à scolariser des enfants handicapés en facilitant l’embauche «d’accompagnants d’élèves en situation de handicap» (AESH) – mesure indispensable pour faire progresser l’enfant sans pénaliser la classe. Nous lançons donc un appel à votre générosité pour que ces enfants puissent bénéficier d’un environnement scolaire vraiment catholique au même titre que leurs frères et sœurs.

S’associer pour défendre nos libertés essentielles, collaborer avec nos écoles, se former : c’est le triple devoir des parents que le père Charmot rappelait déjà en 1939 dans Esquisse d’une pédagogie familiale3 et qui est plus que jamais d’actualité. Avec les cercles dont il faut également souligner le dynamisme, FDA est cet outil de formation que le MCF met à votre disposition. Nous comptons sur vous pour faire connaître notre revue et nous aider à l’améliorer par les retours que vous voudrez bien nous faire.

Bonne lecture !


1. Disponibles sur notre site Internet en version audio
2. Doublée d’une désorganisation digne d’un pays sous-développé.
3. Disponible aux éditions Clovis.

Idéalement, l'idéal ne ment pas

Parler d’idéal, oser ce mot quand le monde dans lequel nous vivons semble devoir nous pousser soit au marasme, soit aux fantasmagories les plus diverses, c’est simplement parler d’équilibre.

Sans idéal, l’homme tristement contemporain trébuche ; comme étranger à la lumière qui doit inspirer son œuvre terrestre, comme perdu dans la pénombre désespérante d’un brouillard spirituel opaque et qu’il juge trop dense pour être dissipé. Sans voir que cette densité n’est que le fruit de son propre désintérêt pour la lumière.

A l’opposé, trop plein d’idéal au point de laisser libre cours à ses propres aspirations ou de s’adonner aux ésotérismes dont la tentation toujours plus forte l’entoure, fasciné par son ego démesuré, par la recherche vaine d’aventures humaines plus ou moins romantiques, souvent camouflées sous l’habit fallacieux d’équipées humanistes ou pseudo-caritatives, l’idéaliste est aveuglé par sa propre suffisance.

Alors lui aussi, à son tour, trébuche.

Faute d’avoir cherché la seule lumière qui puisse l’éclairer.

Se vouloir pétri d’un idéal chrétien, solide, éprouvé : voilà l’équilibre. Voilà qui suffit à illuminer le parcours à suivre. Un idéal qui éclaire, qui tracte vers le haut et non pas vers le lointain, qui attire, qui sublime et qui emporte vers le Ciel.

Un idéal à transmettre : le Congrès de cette année nous invite à cette exigence. Ne passons pas à côté. Venons et invitons.

Nous ne détaillerons pas cette fois toutes les rubriques enthousiasmantes qui font le menu de votre revue : nous vous laissons les découvrir à nouveau. Mais passez du temps sur le dossier que nous vous présentons. Surtout les jeunes parents : vous y trouverez ce que vous cherchez sans doute.

L’idéal éducatif sans lequel tout le reste de nos actes est stérile : la transmission et les moyens de transmettre.

A très bientôt à La Martinerie, on vous y attend.