Quels catholiques doivent s'investir dans la Cité ?

Avant de mobiliser les auteurs cités, puisons déjà à la source des sources. Dès la Genèse, le bon Dieu nous demande d’influer les uns sur les autres, disant : « Croissez et multipliez-vous. » Il ne s’agit pas simplement d’un accroissement terrestre de la population, mais de la multiplication des âmes saintes, au sein de la société suprême : son Eglise. En tant que catholique, tout homme doit en premier lieu tenir sa place et son rôle dans l’Eglise : croître, en se convertissant individuellement chaque jour, et se multiplier, en convertissant les autres. Il nous le demande également le jour de notre confirmation : lorsqu’on devient soldat du Christ, ce n’est pas pour se réfugier à l’arrière, c’est pour monter au front et se battre pour Lui. La parabole des talents (Mt 25, 14-30) nous y invite aussi : lorsque les bons serviteurs ont cultivé leurs talents, ces talents ont crû, et se sont multipliés. Les talents qu’ils ont développés pour eux-mêmes, ils les ont surtout développés autour d’eux, permettant à d’autres personnes de développer leurs propres talents. Ces talents ramenés à Dieu, ce sont aussi d’autres âmes gagnées à Lui. Nous savons que nous serons jugés sur ce critère : sur l’influence que nous aurons eue autour de nous, moyen par lequel nous aurons porté – ou non – du fruit. Dans l’évangile, le Christ fixe littéralement notre place ici-bas : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel s’affadit, avec quoi lui rendra-t-on sa saveur ? Il n’est plus bon qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds. Vous êtes la lumière du monde : une ville, située au sommet d’une montagne, ne peut être cachée. Et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Qu’ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt, V, 13-16). Saint Paul, encourageant Timothée, insiste à son tour sur la nécessité d’occuper cette place qui est la nôtre, surtout dans les époques troublées, et jusqu’au sacrifice : « Mon ami : je t’adjure devant Dieu et le Christ Jésus, qui doit juger les vivants et les morts, par son avènement et son royaume : prêche la parole, insiste à temps et à contretemps, reprends, censure, exhorte, avec une entière patience et souci d’instruction. Car un temps viendra où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine, mais au gré de leurs désirs se donneront une foule de maîtres, l’oreille leur démangeant, et ils détourneront l’oreille de la vérité pour se tourner vers les fables. Pour toi, sois sobre en toutes choses, endure la souffrance, fais œuvre de prédicateur de l’évangile, remplis pleinement ton ministère. (…). J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la Foi : désormais m’est réservée la couronne de la justice, que m’accordera en ce jour-là le Seigneur, le juste Juge, et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront chéri son apparition ». Tous, nous devons donc exercer des responsabilités d’ordre social, à petit ou haut niveau.

Imaginons que vous n’avez pas de religion et que vous n’adhérez pas à ce qui précède. Imaginons que vous n’avez aucune responsabilité extérieure, que vous n’en cherchez pas, que vous n’en voulez pas. Vous êtes chômeur, vous ne cherchez pas de travail ; vous ne voulez pas de responsabilité familiale, donc vous ne vous mariez pas ; vous ne voulez pas que vos amis aient besoin de vous, donc vous fuyez les amitiés… En fait, vous décidez de vivre tout seul au fin fond d’une forêt, loin du monde, et vous pensez être tranquille : « Tout va bien, je n’ai vraiment aucune responsabilité. » Manque de chance, il vous reste la responsabilité de survivre, la responsabilité de vous maintenir vous-même en vie. Au moins celle-là. En bref : il est impossible d’échapper aux responsabilités. Et donc, nous n’avons pas le choix… Qui doit prendre une place dans la Cité, qui doit avoir une autorité, qui doit avoir une responsabilité ? Nous tous : nous n’avons pas le choix, nous aurons quoi qu’il arrive des responsabilités, même quand nous chercherons à les fuir. Quand on fonde une famille, il faut élever ses enfants. Au travail, même si on ne dirige personne, on a la responsabilité de son travail. La place dans la Cité ? En réalité, nous en occupons tous déjà une. La seule question qui se pose, c’est : « que sommes-nous en train d’en faire ? »

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