L'éducation des gestes
Pour être capable d’apprendre à lire facilement, l’enfant doit acquérir trois points essentiels : la latéralisation, le schéma corporel, l’orientation dans l’espace.
Jusqu’à sept ans, bouger est aussi vital pour l’enfant que boire, manger ou dormir. L’enfant bouge parce qu’il grandit. Nous devons tenir compte de ce besoin de mouvement. Il faut aider l’enfant à grandir. Le geste est le premier moyen d’expression du tout-petit, le geste précède la parole, aussi allons-nous l’éduquer petit à petit. La maîtrise de la motricité ne s’acquiert pas du jour au lendemain.
Il va falloir lui apprendre à coordonner ses gestes de façon consciente. L’enfant va apprendre à commander et à maîtriser son corps, à toujours avoir un travail moteur –non automatique– des bras, des mains, des jambes et du corps.
Le mouvement ordonné favorise un équilibre permanent, évite crispation et blocage. La plupart des difficultés et des échecs scolaires proviennent d’un manque de développement dans ce domaine (dyslexie, dysorthographie…). Un enfant contracté (c’est tout le circuit nerveux qui est contracté) enregistre mal. Un enfant contracté c’est aussi un enfant qui respire mal. Or, une bonne respiration est indispensable car l’oxygène irrigue le cerveau.
En outre, c’est par le mouvement que l’enfant entre en contact avec les autres, explore son environnement et accumule ses expériences.
Le geste va également favoriser la mémorisation immédiate et durable car l’enfant a une mémoire corporelle.
Dès tout petit, manipulez ses mains, ses bras, ses pieds et ses jambes en les nommant. Il doit bien connaître son corps afin de mieux s’en servir. Faites «caché-coucou» avec ses mains. Entre trois et cinq mois, il attrape les objets tout seul, donnez-lui des hochets simples.
Il va se mettre à gratter sa craquotte, imitez le bruit «crac-crac». Il caresse son doudou ou la joue de sa maman tout naturellement ; dites-lui que c’est doux…
Très vite dans le bain, dans un bac à sable ou à la plage, donnez-lui des récipients pour verser, remplir, transvaser. L’enfant aime cela et il va maîtriser petit à petit ses gestes qui deviendront de plus en plus précis.
Dès deux ou trois ans, il faut multiplier les activités susceptibles de perfectionner la motricité et spécialement la motricité fine des doigts par des ajustements neuromusculaires de plus en plus précis (gommettes, enfilage de perles, peinture au doigt puis au pinceau), et la coordination oculo-manuelle (jeux de balle ou de ballon, des jeux de construction) qui développe des compétences motrices telles qu’encastrer, superposer, faire pivoter, retourner. Il en résultera plus tard une meilleure tenue du crayon et une belle écriture.
Je me permets d’insister en disant que l’enfant ne maîtrisera ses gestes que s’il a une connaissance parfaite de son schéma corporel, s’il est latéralisé, s’il sait se repérer dans l’espace.
L’éducation motrice recouvre tous les apprentissages du jeune enfant : marcher, courir, sauter, lancer, attraper, ramper, grimper…
S’il est un jeu parfait pour acquérir trois notions énoncées plus haut (latéralisation, schéma corporel et orientation dans l’espace) c’est de faire faire des parcours à l’enfant : vers deux ans il peut suivre un parcours simple, et, au fur et à mesure qu’il grandit, allongez le parcours et augmentez la difficulté des obstacles. Monter sur le banc, sauter dans un cerceau, ramper sous la table, faire le tour de l’arbre, marcher sur la poutre, sauter à pieds joints dans les anneaux… adaptez le parcours aux compétences de l’enfant et augmentez la difficulté quand il est à l’aise. Laissez-le faire et refaire aussi souvent qu’il le souhaite, il va ainsi acquérir de l’aisance dans ses mouvements.
L’enfant développe ainsi la maitrise des gestes, enchaîne des actions différentes, mémorise une succession d’actions, oriente ses déplacements, maîtrise ses changements d’appui, se repère dans l’espace, acquiert un bon équilibre et un esprit logique.
Le but est donc de faire acquérir à l’enfant un travail moteur sans automatisme et un contrôle conscient des gestes des bras et des doigts, des jambes et du corps. Comment l’écolier arrivera-t-il à résoudre un problème mathématique ou faire une analyse grammaticale sans logique ?
Dans la vie quotidienne, demandez-lui de monter l’escalier et ranger sa chaise, sans faire de bruit. De mettre la table, de cuisiner en nommant chaque geste : remuer, fouetter, mélanger, râper, verser, incorporer, tamiser…