S'engager : l'obligation vitale
Dans l’imaginaire collectif, un peu comme une caricature, la rengaine militaire bien connue du «engagez-vous, rengagez-vous, vous verrez du pays» accompagne souvent la notion d’engagement. Dépassons un instant ce qui constitua l’essentiel du racolage des anciennes troupes coloniales pour examiner avec un peu plus de sérieux ce qui se cache derrière ce slogan. En 2013, un numéro de Famille d’Abord abordait déjà le thème de l’engagement et l’un de nos derniers congrès y a consacré quelques conférences. C’est dire si le sujet est récurrent tant il demeure d’une brûlante actualité et qu’il relève d’une nécessité devenue absolument vitale, aujourd’hui où les horizons semblent s’obscurcir.
Comme toute démarche volontaire, car c’en est une, l’engagement suppose quelques préalables qui le conditionnent ou, pour mieux dire, qui permettent et favorisent son accomplissement, sa réalité propre. Pour cela, il faut d’abord que cet engagement s’exprime en fonction d’un but, d’un objectif clairement identifié et poursuivi : le fameux « vous verrez du pays ». Puis, pour y atteindre, que des vertus à leur tour bien définies soient exercées sans faiblesse et avec constance.
On le voit d’emblée, ce seul énoncé suffit à démontrer qu’un simple penchant naturel ne saurait suffire et qu’il y faut par conséquent une éducation consciente, destinée à éveiller un comportement adapté puis à consolider des habitudes de vie adéquates. S’il ne fallait dégager qu’une seule raison de nous pencher sur cette question, celle-ci suffirait : l’engagement est d’abord une affaire d’éducation dans laquelle les familles tiennent le premier rôle.
Or, dans ce domaine et sans conteste, nous assistons aujourd’hui à une crise. Elle se constate à tous les niveaux : plus ou moins forte, plus ou moins visible mais bien réelle. Et tristement, elle semble bien avoir atteint tous les milieux. Plus grand monde ne s’engage, le dévouement semble presque partout passé de mode. Ce dossier se propose donc de raviver la flamme, de nous conduire à la ranimer nous-mêmes, dans nos ménages, dans nos familles, dans notre éducation, de telle sorte, pour paraphraser un passage célèbre de l’Evangile, que si la moisson est abondante, les ouvriers ne soient pas trop peu nombreux.
Trois étapes peuvent être suivies pour nous y porter. Etablir d’abord ce qui distingue l’engagement en tant que tel, considérant le don qu’il implique et le sentiment par lequel il s’exerce. Dégager ensuite les raisons pour lesquelles ces notions semblent aujourd’hui dépassées, ou inexistantes. Discerner enfin les conditions dans lesquelles nos enfants et nous-mêmes pouvons au contraire nous y épanouir et quel rôle doit redevenir le nôtre.