Le don de soi
En se plaçant ainsi au service de quelqu’un, on lui cède l’usage de notre personne, ce qui signifie que celui envers qui on s’engage détient désormais le pouvoir de se servir de nous comme il le désire (l’engagement suppose l’abandon), de telle sorte que sa cause devient la nôtre, son but devient le nôtre, ses préoccupations deviennent les nôtres. Cependant, on conserve la propriété de sa personne, ce qui distingue ainsi l’engagement de l’esclavage. L’engagement est donc bien un contrat librement passé, et celui qui s’engage doit être capable de répondre de cet engagement car il en est responsable. S’engager, ce n’est pas se décharger de toute responsabilité sur celui envers qui on s’engage mais c’est au contraire assumer la responsabilité de ce pourquoi la démarche est entreprise.
On comprend bien alors que s’engager, mais s’engager vraiment, signifie bien autre chose qu’une simple collaboration : il s’agit d’une réelle offrande de soi.
Les exemples ne manquent pas pour illustrer cet aspect, mais une plaisante petite allégorie permettra de bien saisir cette nuance importante entre l’engagement et la simple participation. Prenons une omelette au lard : chacun sait au moins qu’elle se compose d’œufs et de lard. A cet effet, la poule y collabore, par ses œufs elle participe à la confection ; mais le cochon, lui, est engagé dans la recette, ô combien… Au-delà de cette image triviale, c’est bien de cela dont il s’agit quand on parle d’engagement : une vie offerte au service d’un bien supérieur.
Le cochon appréciera…