Bonheur en vue
Il n’y a d’accession au bonheur que par la vérité. Et la vérité ne se connaît que par l’intelligence.
La conquête du bonheur requiert l’essentiel : donner un sens profond à l’existence. Des trois tailleurs de pierre qui déclarent : « je taille une pierre », « je participe à la construction d’un pilier », « je construis la cathédrale de cette ville », lequel sera comblé ? Celui dont l’intelligence aura le mieux perçu la finalité de l’action.
Importance du travail manuel
Il est indispensable dans l’éducation de la jeune intelligence et le développement de la créativité. Ainsi, plus les jouets des enfants sont simples plus ils travaillent leur imagination et leur créativité. Alors qu’un hélicoptère n’est… qu’un hélicoptère. Pour l’enfant, ce qui est relatif au travail manuel est perceptible parce que cela se voit et se quantifie : c’est concret. C’est aussi très éducatif, parce que la matière possède ses lois propres auxquelles il est bien obligé de se plier.
Le travail intellectuel
Le travail intellectuel a un côté séduisant car il y a en l’homme un désir légitime d’exercer son rôle de « seigneur » sur le cosmos. Mais il peut s’y ajouter une forme d’orgueil : « je sais ce que les autres ne savent pas » ou un désir de domination. Le travail intellectuel doit donc être dirigé et ordonné avec plus de soin que le travail manuel. Alors il conserve tout son sens et toute son importance.
Qualités des relations
La qualité de la relation éducateur/éduqué, notamment celle de la relation affective parents/enfants, pèse d’un poids très lourd dans la future capacité d’aimer de l’adulte, même s’il faut se garder de tout déterminisme. L’amour ne se réduit pas au plaisir que l’aimé(e) peut donner : le don de soi est en revanche la règle intangible d’un amour vrai. L’homme est esprit, mais il est corps également et nous l’appréhendons par nos cinq sens, en termes de plaisir ou de déplaisir. Le rôle de l’éducateur est important pour situer les choses à leur juste place et les subordonner les unes aux autres car l’homme n’échappe pas à la hiérarchie de la nature voulue par Dieu. Le corps a sa place : celle d’un bon serviteur subordonné à l’intelligence qui le guide.
La vie affective est une réalité évolutive, tributaire de l’image que l’autre cherche, consciemment ou non, à donner de lui. Se fonder sur les seuls sentiments pour aimer est à la fois imprudent et inconséquent car l’affectif ne pèse pas les conséquences d’un lien d’amitié ou d’amour. L’amour rime avec toujours : or, nos sentiments sont fluctuants par nature.
C’est ce que l’éducateur va devoir faire comprendre peu à peu à l’enfant, en utilisant précisément ses premières déceptions, ses premiers chagrins causés par l’autre, mais aussi en lui montrant les dégâts liés à ses propres défaillances et ses propres trahisons. Le travail d’éducation d’une intelligence réaliste et solide est là encore déterminant, notamment à l’adolescence.
Discernement et volonté dans le don de soi
L’enfant est tout à fait capable de percevoir l’égoïsme parce qu’il en sera tôt ou tard la victime. Il pourra donc très vite intégrer que l’amour dont il a besoin porte l’autre à dompter ses intérêts égocentriques. La voie est alors toute tracée pour comprendre que lui-même a besoin de refréner son égoïsme pour aimer vraiment. Après avoir découvert l’autre et appris à l’accepter, l’enfant va apprendre à l’aimer. Il doit être encouragé à se donner pour découvrir la joie qui en découle, bien supérieure à celle de recevoir. Un exemple : après quelques années de scoutisme, ayant reçu de ses chefs, il devra, même pendant ses années d’études, être incité à poursuivre pour servir à son tour les plus jeunes.
Les malentendus de la passion
Les ingrédients de la passion sont fragiles, peut-être illusoires, souvent sujets à malentendu. Dans la passion, on n’envisage pas l’avenir, on jouit du présent. S’il n’y a pas d’engagement, cela veut dire que la raison n’a pas été consultée, ni la volonté suscitée. Il faut mobiliser la raison pour discerner et examiner objectivement le désir réel d’une union stable. Il faut aider l’éduqué, dès l’enfance, à mettre ou remettre les choses dans l’ordre. C’est l’esprit libre qui commande, non les sentiments, encore moins les pulsions. L’enfant apprend à aimer vraiment par l’exemple. Il est important qu’il comprenne que les parents peuvent avoir un conflit à résoudre et qu’une dispute est moins grave qu’un silence qui s’installe. Intégrer que le pardon constitue le sommet et le ciment de l’amour est capital.
La religion ou l’éducation de l’intelligence à notre fin dernière
L’amitié et l’amour embellissent la vie de l’homme et lui donnent un sens. Mais c’est précisément dans l’amour humain que la personne touche, de la façon peut-être la plus douloureuse, les limites du bonheur : car cette relation s’interrompt brutalement par la mort. Impossible de laisser les enfants dans l’ignorance de la mort. Aujourd’hui, on les prive d’une réflexion de fond, ou même d’une simple information, sur ce que dit la culture chrétienne de la mort et de la vie éternelle. La dimension religieuse nécessite une approche particulièrement délicate. La mort est l’espérance chrétienne. C’est par sa révélation et par cette transcendance que vivent des millions de personnes. Sans anesthésier la douleur, cette espérance l’apaise en profondeur.
Les enfants ont besoin que leur soient fournies des réponses à leurs interrogations, spécifiquement sous cet angle.
C’est là l’éducation de l’intelligence aux choses de Dieu.