Conclusion
Même si la connaissance n’assimile initialement que certains aspects sensibles qui reposent sur l’observation du réel, elle transcende ce dernier pour permettre à l’intelligence d’en appréhender le concept et l’idée. La souris qui fuit le chat ne fuit pas une odeur ou une forme, mais son prédateur naturel. Par son contact direct avec la réalité des choses, la connaissance sensible révèle donc des lois universelles et nécessaires : tous les chats sont dangereux pour les souris, et cette abstraction qui ne ressort que de l’instinct chez l’animal constitue pour l’homme une loi générale qu’il peut à la fois comprendre et formuler. Ce que l’animal est impuissant à faire, bien entendu. Si la science seule contient des affirmations universelles et nécessaires, elle ne peut le faire qu’à partir de la sensation et de l’expérience, et parce que le sensible est déjà organisé, c’est-à-dire accessible à une intelligence éduquée.
L’intelligence est donc à la fois passive et active. Passive, car si elle modifiait ce qu’elle connaît, elle tomberait dans l’erreur : la démonstration doit partir d’affirmations fondées sur le réel. Mais l’intelligence est aussi active car elle tire l’intelligible du sensible : c’est l’étape majeure de l’abstraction. Appuyée sur l’expérience, cette abstraction permet d’atteindre à la science et à la sagesse.
Lorsque la pensée s’élève de la considération des êtres sensibles à celle de Dieu, notamment par l’une des cinq voies qui permettent de prouver son existence, il lui est manifeste que Dieu est absolument nécessaire. Comme l’avait affirmé Aristote, Dieu est une intelligence qui ne fait qu’un avec son objet, un bien absolu qui met l’univers en mouvement en attirant tout à Lui.
Parce que Dieu est absolument simple, ses attributs se distinguent par la raison et donc par une intelligence convenablement éduquée qui seule en permet l’approche et peu à peu l’atteinte.