Le berceau éducatif
Cellule de base de la société, la famille joue un rôle premier dans l’éducation de l’intelligence. En son sein, les parents ont une responsabilité de premier plan.
L’éducation de l’intelligence sous-tend qu’au départ quelqu’un la possède, au moins en partie, afin de pouvoir veiller à son développement en la dirigeant. Par là nous comprenons que cette éducation de l’intelligence est du ressort privilégié des parents et de la famille, prolongé par l’école, les éducateurs et la vie elle-même. Or, si certains possèdent un don pour l’éducation, l’intuition de ce qu’il convient de faire, une capacité à calmer, raisonner, écouter, dialoguer, ce n’est toutefois pas la règle générale. L’élaboration d’actions éducatives et de leurs règles reposera d’abord sur la qualité de la transmission, par conséquent sur celle de l’éducateur.
Le plus souvent, il devra donc fournir sur lui-même un premier travail s’il veut atteindre ses objectifs. Il doit faire preuve de dévouement, d’adaptation, de souplesse, de compréhension, d’altruisme : la liste des qualités requises est presque sans limites.
L’éducation de l’intelligence requiert en réalité davantage de vertus que de connaissances et c’est tant mieux car, si beaucoup ont vocation à éduquer, peu possèdent l’étendue suffisante des connaissances. L’éducation demande d’abord du cœur, elle exige du bon sens pour coller au réel, et beaucoup d’amour. Si l’amour est don de soi, le pardon est le sommet de ce don, car il exige des deux personnes une attitude d’humilité. On ne doit jamais punir une erreur, mais punir une faute, c’est-à-dire la transgression d’un interdit. Dans la construction de l’intelligence l’amour est donc bien essentiel.
L’intelligence éduquée va réclamer l’acquisition progressive de vertus morales, particulièrement des quatre cardinales, qui structurent si délicatement la personne humaine :
- justice : savoir reconnaître les efforts, récompenser et punir à bon escient ;
- force : savoir tenir ferme sans violence (maîtrise de soi) ;
- prudence : prendre des risques pesés, évalués, ni à l’aveuglette ni au sentiment ;
- tempérance : maîtriser ses passions.
Il faut donc retenir un principe de base : l’éducation de l’intelligence commence par celle de l’éducateur. En effet éduquer impose vite des exigences :
- donner l’exemple ;
- l’autorité s’exerce par amour, inséparable de la vérité ;
- atteindre un humble détachement vis-à-vis des résultats immédiats et apparents. On n’éduque pas pour être fier de l’éduqué ou pour en faire un savant, mais bien pour lui donner la capacité de discerner un bien d’un mal afin d’opérer un choix éclairé. D’autant que l’éducation reçue pourra se voir rejetée.
La principale relation entre l’éducateur et l’éduqué repose sur la confiance mutuelle. Celle-ci doit toujours être donnée d’emblée mais sans naïveté, dans la vigilance et donc en vérifiant. Comme il est souvent dit, la confiance n’exclut pas le contrôle.
Seule la nature humaine transcende les nations et les cultures. Aussi, d’où qu’il vienne, l’être humain a besoin de se développer, se connaître, s’aimer, s’intégrer dans la société, être aimé et donner un sens à sa vie. Ainsi, pour les choix que son intelligence opérera, ses parents sont naturellement ses premiers éducateurs. Chefs de cette cellule de base de la société que constitue la famille, leur responsabilité vis-à-vis de leurs enfants est totale.
Les parents réunissent les meilleurs atouts pour l’éducation de leurs enfants, puisque celle-ci exige réalisme et amour. La réalité de leurs enfants, les parents la connaissent mieux que quiconque puisqu’ils la vivent depuis le début ; ils sont les mieux placés pour connaître la plupart des caractéristiques propres à leurs enfants : leur caractère, leur hérédité, leur milieu, leur histoire.
A ce titre, ils doivent donc demeurer leurs premiers et principaux éducateurs. Tous ceux qui seront amenés plus tard à jouer un rôle éducatif (enseignants, entraîneurs de clubs sportifs, responsables de patronages et d’associations...) devront se considérer comme auxiliaires des parents en vue de l’accroissement progressif de leur connaissance et de leur expérience.
Il faut que la famille soit le berceau de l’éducation des enfants. Ils y trouveront la permanence de règles réalistes et bienveillantes, répondant à un souci de cohérence dans la durée, qui fera que l’éducateur peut dire ce qu’il fait et faire ce qu’il dit, il sera compris.
L’esprit s’appuie sur l’intelligence : l’éducation doit donc la prendre pour cible. Il s’agit d’éduquer à la Vérité, conjuguant « savoir-faire » et « savoir-être », remettant l’affectif à sa place qui est seconde. Le plus important, c’est le « savoir-être ». L’affection nécessaire lui est subordonnée, car elle risque de pousser l’éducateur à chercher à être aimé : c’est alors de la démagogie et non de l’éducation.
Quant au « savoir-faire », une maladresse technique est moins importante qu’une lâcheté, un mensonge ou une rancœur. A nouveau, l’éducation de l’intelligence ne passe pas nécessairement par le fait que les enfants soient des savants précoces, mais des êtres construits selon la Vérité.