Lire, un acte de résistance !

Dans son ouvrage d’anticipation paru en 1953, Fahrenheit 451 1, Ray Bradbury décrit une société où les pompiers sont chargés de brûler les livres. Aujourd’hui, « on ne brûle pas encore les livres mais on les étouffe sous le silence, la censure...» 2, en commençant par ceux qui ne correspondent pas à la doxa mondialiste. La polémique actuelle sur le parrainage par Sylvain Tesson du Printemps des poètes ou l’appel du dernier Forum de Davos à une censure de ce qui est considéré comme de la désinformation sont, à ce titre, révélateurs.

De fait l’idéologie progressiste, à l’instar des totalitarismes d’autrefois, tolère difficilement la pensée indépendante, la réflexion autonome et libre. Elle s’accommode au contraire d’un abêtissement généralisé par le biais des écrans sous toutes leurs formes qui envahissent notre quotidien, captent notre attention et subjuguent nos esprits.

Lire devient un acte de résistance parce que cela nous préserve de la pensée unique, en alimentant notre réflexion et en développant notre esprit critique. La lecture de bons livres constitue véritablement une nourriture de l’âme et fait grandir l’homme intérieur.

Malheureusement, nous constatons et déplorons que nos grands adolescents, envoûtés par les nouvelles technologies, dédaignent de plus en plus la lecture. Mais qu’en est-il réellement pour ce qui nous concerne ? Lors de notre congrès 2022, dans son intervention sur les dangers des écrans, Florent Métivet nous a interrogés d’emblée sur le nombre de livres lus dans l’année et le constat a été impressionnant : seule une petite minorité des congressistes lisait régulièrement.

Quel exemple donnons-nous vraiment à nos enfants ? Prenons-nous le temps de lire avec nos plus petits, de participer aux lectures de nos plus grands ? Emportés par la vie active, quelle place laissons-nous à la lecture ?

Pourtant, si nous ne voulons pas nous laisser manipuler par les sirènes médiatiques ou abrutir par l’addiction aux écrans, le livre constitue le meilleur antidote, peut-être même le seul remède. Lire par plaisir bien sûr, c’est essentiel : des romans, des récits, des biographies… Mais aussi lire par devoir, car parents catholiques nous avons une responsabilité et un témoignage à donner. Nous avons plus que jamais le devoir de lire pour nous former et pouvoir ensuite partager nos réflexions. Telle est d’ailleurs la finalité première des cercles d’études MCF qui réunissent déjà plus de cinq cents foyers dans toute la France.

Alors, gardons à l’esprit la constatation si juste de Daniel Pennac : « Chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout… » 3.


1. Fahrenheit 451 représente le degré de température à laquelle un livre se consume.
2. Jean d’Ormesson à propos de la suppression de l’émission littéraire Caractères, Figaro du 10 décembre 1992.
3. Dans Le Livre comme un roman écrit par Daniel Pennac, prix Renaudot 2007 pour Chagrin d’école.