Apprendre à lire : en route vers de belles découvertes !

 
– « Moi, le mien, il a appris à lire tout seul. » 
– « La mienne lit des Martine depuis qu’elle a cinq ans. »

Et le nôtre, comment va-t-il s’en sortir ?

Tout le monde est passé par là ; l’apprentissage de la lecture est une évidence, comme celui de la marche ou de la nutrition. Chers parents qui avez des enfants en primaire, c’est à vous que cet article s’adresse. Chers grands-parents qui recevez les visites de vos petits-enfants, c’est aussi à vous que cet article s’adresse. 

Après plusieurs années d’enseignement, je constate qu’il n’y a pas de méthode de lecture parfaite mais qu’il y a beaucoup de bonnes méthodes de lecture. Compliqué de faire des statistiques en fonction des manuels ; mieux vaut privilégier les conditions favorables et la mise en place des bons circuits, et le cerveau est prié de faire le reste. Voilà quelques bons tuyaux grâce auxquels vous allez préparer l’apprentissage de la lecture chez vos petits.

Maîtriser l’oral et la justesse du langage

À partir de l’âge de trois ans environ, votre enfant entre dans l’âge de la « pré-lecture ». Une période pendant laquelle il développe le langage oral. Ce n’est pas le moment de lui montrer des lettres dans le but de les lui faire apprendre, pas du tout. Les années avant six ans sont comme une parcelle de terre à labourer et à ensemencer : un travail dont les fruits ne se voient pas encore « sur le papier ». À cette étape de son développement, vous offrirez un trésor à votre enfant en lisant avec lui des livres illustrés. C’est très important qu’il voie des images avec vous et qu’il nomme les personnes, animaux et objets qu’il observe. Qu’il dise si la personne a l’air contente ou fâchée, qu’il repère les indices pour savoir s’il fait beau ou mauvais… Ce sera pour lui l’occasion de développer son vocabulaire mais aussi d’imprimer des images, des émotions et des notions dans son cerveau et de les associer à des mots précis. Ce travail est préparatoire à l’abstraction, c’est-à-dire à la construction de la pensée et du raisonnement mathématique.

Pour aider votre enfant à bien maîtriser l’oral, vérifiez qu’il fasse bien le lien entre une chose et son nom et qu’il choisisse des mots justes pour raconter sa journée ou pour formuler une idée. Il ne faut pas hésiter à reprendre avec lui les tournures de phrases malmenées. Petit à petit, il s’approprie un langage oral qu’il reconnaîtra plus tard à l’écrit ; une rencontre toujours réjouissante quand les deux mondes (oral et écrit) se correspondent. Ne laissez donc pas votre enfant avoir son langage « à lui ». On trouve que c’est mignon quand il est tout petit et c’est en effet mignon quand il est tout petit ; le problème c’est qu’il peut y avoir un décalage entre ses pensées mal formulées d’un côté et les phrases qu’il va déchiffrer de l’autre. Dans ce cas, votre enfant risque de ne pas se retrouver dans le français écrit qu’il va lire et il aura plus de mal à s’approprier les tournures et les formulations.

Préférer la régularité : mieux vaux un peu chaque jour que beaucoup parfois

Soyez des parents impliqués et sereins : votre enfant va commencer tout doucement à lire en grande section de maternelle. Il est d’ailleurs très motivé pour apprendre mais risque de se décourager s’il sent qu’il a du mal ou que les autres sont plus rapides. Après la découverte des lettres et l’association des lettres entre elles, il va rentrer dans une phase de déchiffrage ; celle-ci aboutira à un mode de lecture courante qui peut arriver dès le CP mais parfois en CE1 seulement. Laissons-lui vraiment tout ce temps. Tant pis (ou tant mieux) si le petit cousin lit très bien dans son missel ; laissons la petite voisine dévorer ses Club des cinq. L’heure n’est pas à la comparaison, mais plutôt à la régularité. Si votre enfant fait partie de ceux qui avancent bien et sans effort, contentez-vous de lui faire faire son travail, ni plus, ni moins. Si au contraire vous constatez qu’il peine et avance lentement, pas de panique, il va y arriver. N’augmentez pas la dose de lecture du soir pour ne pas saturer sa capacité de concentration, mais ne laissez pas passer une journée de vacances sans avoir lu quelques lignes dans son livre de lecture. Ne lâchez pas cet exercice, tant qu’il n’a pas pris le virage de la lecture fluide. Et au passage, soyez à la fois rassurants et encourageants.

Faites confiance à l’enseignant, respectez le rythme auquel il a choisi de mener sa classe. Croyant bien faire, certains parents font parfois prendre de l’avance à leur enfant. À moins que ce soit convenu avec l’enseignant, cette option est à éviter car vous risquez de mettre votre enfant dans une situation inconfortable.

Donner l’exemple

Enfin, le meilleur enseignement passant par l’exemple donné, il est important que vos enfants vous voient lire. Qu’ils comprennent que la lecture vous procure un moment agréable que vous recherchez pour lui-même. Ils verront qu’on ne lit pas uniquement pour des raisons utilitaires mais pour son plaisir personnel. Et même lorsque votre enfant connaîtra à peu près tous les sons, continuez à lui lire un livre le soir : c’est un instant privilégié qui lui permet d’accéder à des histoires ou à des sujets qui l’intéressent et qu’il n’est pas tout à fait capable de lire. Vous aurez à cette occasion des échanges et des discussions différentes de celles du quotidien et vous ferez naître en lui le goût de la lecture.

Alors, parce que lire nous donne des ailes, à l’image de la maman cigogne qui pousse son petit depuis le rebord du toit, donnons à nos enfants l’élan qui les fera plonger dans le monde de la littérature, de l’Histoire et de l’aventure !

Claire de Lapasse, institutrice