Eloge de la pureté

La pureté… Le mot possède la vertu inestimable d’élever l’esprit vers l’infini. Les expressions : «eau très pure», «ciel d’une pureté limpide», «paysage qui est une pure merveille» manifestent l’état cristallin de la pureté. Une personne pure mène donc son existence de façon cristalline. Ce que confirment les Evangiles : «heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu». Promesse d’une force extraordinaire : mener sa vie de façon pure nous conduit vers le bonheur sublime de la vision éternelle de Dieu.

Et pourtant ! Le monde actuel, profondément impur, assaille et déforme nos vies affectives et sexuelles. La déferlante pornographique attaque massivement la pureté des personnes. La rue, les magazines, l’Internet, les livres à succès, le cinéma, les établissements scolaires sont autant de cibles pour le tsunami pornographique qui nous guette en permanence et attaque nos âmes, nos esprits, nos cœurs et nos corps : destruction des âmes qui ne sont plus en communion avec le Ciel, des esprits qui ne construisent plus la personne de façon raisonnée, des cœurs qui ne s’ouvrent plus aux autres mais deviennent autocentrés, des corps transformés en objets manipulables et consommables par tous. A l’évidence, le combat pour la pureté est un combat fondamental.

Quatre étapes préalables au combat pour la pureté

La pureté de l’âme ne peut être préservée et développée que par la prière quotidienne. Sans cet appui, le risque est grand d’être rattrapé par l’impureté ambiante.

La pureté de l’intelligence implique une vigilance de chaque instant sur les outils offerts par la société pour construire et surtout déconstruire chaque personne. Le moindre défaut de vigilance peut conduire à la catastrophe.

La pureté du cœur exige un effort permanent pour que celui-ci ne déborde pas en passions non maîtrisables, traduisant un amour factice de soi-même et non un amour authentique des autres.

La pureté du corps demande l’apprentissage de la maîtrise de ses passions. La lutte pour la tempérance est une condition fondamentale pour que le corps ne devienne pas le jouet de tous les désirs les plus débridés, conduisant à un état d’impureté souvent irréversible.

La nécessaire pudeur, trop souvent oubliée

À l’intérieur de chaque foyer et dans tous les lieux publics, l’impudeur s’est développée à une vitesse foudroyante. Les fabricants de modes ne s’y sont pas trompés : développer des modes impudiques est un bon moyen de détruire tout socle moral dans la société. Il est surprenant, et consternant, de constater que l’impudeur s’est développée dans les milieux catholiques les plus protégés. Pourtant, le Catéchisme de l’Eglise catholique indique que «la pureté demande la pudeur, celle-ci est partie intégrante de la vertu de tempérance». De son côté, sœur Lucie de Fatima déclarait : «Nous habiller avec décence ou modestie, sans nous rendre esclave du dernier cri à la mode. Ne pas être par notre façon de nous habiller, une incitation au péché». La pudeur doit également se manifester dans les sentiments, en maintenant «la réserve là où transparaît le risque d’une curiosité malsaine». Elle doit enfin s’exprimer dans la chasteté à laquelle nous sommes tous appelés, dans le célibat consacré comme dans le mariage. La chasteté signifie l’intégration réussie de la sexualité dans la personne. Elle produit l’unité intérieure de l’homme, entre son être corporel et son être spirituel.

La morale, pilier de la pureté

La société impure développe l’idée que la morale n’existe pas : chacun est «libre» de «faire ce qu’il veut». Cette imposture idéologique se traduit par d’immenses dégâts dans nos sociétés. L’éducation à la pureté passe nécessairement par une éducation morale, qui définit clairement le bien et le mal et permet d’indiquer ce qu’il faut faire ou non. Le refus actuel d’enseigner toute morale a conduit à l’établissement d’une société profondément immorale. Seule l’éducation morale peut amener à une vie éternelle d’adoration de Dieu.

La famille, premier oasis de pureté

A l’évidence, les établissements scolaires ne sont pas le lieu approprié pour l’éducation à la pureté. S’ils peuvent se substituer incidemment à une défaillance des parents, «l’éducation sexuelle» à l’école expose indistinctement tous les enfants à des dangers qui peuvent ruiner toute éducation. Le pape Pie XI, dans son encyclique Divini illius Magistri sur l’éducation chrétienne de la jeunesse, accordait aux familles la charge de l’éducation à la pureté, en vertu d’un droit et d’un devoir naturel qui lui ont été accordés par Dieu. Il y a presque un siècle, le cardinal Verdier déclarait : «Nous croyons que la tactique du silence est une tactique dangereuse et manifestement nuisible à l’intérêt de l’enfant et à celui de la société. Nous croyons que les initiations claires, faites avec le tact voulu doivent être regardées comme une obligation grave».

Parce qu’elles connaissent intimement leurs enfants, les mères de famille ont un rôle essentiel de formation à la vie affective et sexuelle. Le rôle du père deviendra important et nécessaire au moment de la puberté. Pour évoquer ces sujets, trois règles sont à respecter : en parler individuellement car chaque enfant progresse à son propre rythme, progressivement car des révélations brutales peuvent traumatiser, et en vérité, car il ne sert à rien de cacher.

Pour conclure, l’éducation à la pureté est la condition de l’épanouissement humain et du bonheur éternel

Il s’agit bien d’un combat de toute une vie. Dieu merci, nous ne sommes pas seuls dans ce combat et devons invoquer la protection de la Vierge Marie, de saint Joseph, de saint Michel Archange, de cette multitude de saints et de saintes qui nous offrent des modèles incomparables de vies d’une pureté absolue, en harmonie avec les puissances célestes. La prière et la confession sont à l’évidence les deux armes privilégiées pour vivre dans un état de pureté qui permettra, après la vie terrestre, de vivre éternellement dans la contemplation de Dieu.

Francois Billot de Lochner

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