Agir sur notre esprit, sur notre âme

La sensibilité est un outil de connaissance

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La sensibilité de l’âme : ce sont les passions, les sentiments, les émotions. On parle d’émotions primaires :
  • joie ;
  • tristesse ;
  • peur ;
  • colère ;
  • dégoût ;
  • surprise.

Puis on parle d’émotions secondaires qui sont une combinaison de deux (ou plus) émotions primaires. Par exemple, la honte, émotion secondaire, réunit le dégoût et la peur, émotions primaires.

Ces émotions sont induites, favorisées par une réaction de notre corps à son état interne (physiologique) et son environnement externe (ce qui nous entoure). Une succession d’émotions va ensuite entraîner un état affectif : c’est le sentiment, qui touche l’esprit car il participe à la manière dont notre intelligence va appréhender le monde. Il touche aussi à la mémoire qu’il nourrit, à l’imagination qu’il développe, à l’intelligence qu’il oriente et influe.

Ce qu’il faut retenir, c’est que les émotions et les sentiments nourrissent l’âme, ils s’ajoutent à nos sens par lesquels nous connaissons le monde et vont influencer notre appréhension du réel. La sensibilité est donc une faculté primordiale, elle nourrit l’intelligence, certes de manière indirecte, mais c’est elle qui va imprimer, par sa chaleur, au plus profond de l’âme, la vérité (ou l’erreur !). Les émotions et les sentiments sont le chalumeau qui inscrit dans le cœur de l’homme la connaissance. Certes, ce n’est pas la connaissance elle-même mais c’est la sensibilité qui forge l’intelligence. Ainsi, dire que « le péché est abominable » est vrai, mais le comprendrions-nous vraiment sans contempler la Croix qui nous bouleverse ? Non ! Et c’est pour cela que Dieu l’a voulue !

La sensibilité est aussi cause de perdition

Mais à l’inverse, la puissance qu’ont les émotions et les sentiments sur notre intelligence représente un terrible danger. Et plus nous sommes sensibles aux émotions et aux sentiments, plus nous sommes aussi, d’un certain côté, faibles et plus nous risquons de tomber dans l’erreur. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder le monde actuel : tout aujourd’hui est larmoyant, mièvre, scandaleux, obscène ou choquant.

Qui n’a pas reçu et fait suivre ces chaînes de mails ou ces vidéos qui, avec une musique triste, vous font pleurer sur un petit bébé qui va mourir si on ne constitue pas très vite une chaîne mondiale de prière ? Peu importe que le bébé ait déjà rejoint le Ciel depuis des années, ou qu’il soit guéri, voire qu’il n’ait jamais existé. Qui n’a jamais arrangé la vérité auprès d’un ami pour ménager sa sensibilité et lui dire des mots qui plaisent plutôt que des mots authentiques ? Qui n’a jamais signé une pétition inutile parce qu’il a été choqué par les propos scandaleux d’un ministre provoquant ou iconoclaste, sans avoir vérifié lesdits propos, sans s’être demandé s’il était cohérent de signer une telle pétition en ligne alors qu’on n’ose pas laisser son chapelet pendu à son rétroviseur de peur du regard des autres ? Qui enfin n’a jamais été tenté de mettre ses convictions de côté parce qu’au fond, c’est usant d’être un dinosaure ? Qui n’a jamais songé, devant un ami qui vit en concubinage ou qui refuse de voir la vérité de Vatican II, qu’après tout, ce qui compte, « ce ne sont pas les actes mais la sincérité avec laquelle on les pose » ? Et ainsi, on s’attiédit. Non ! La vérité est exigeante mais trop souvent nous nous voilons la face à cause d’une trop grande sensibilité.

Il est évident que notre sensibilité doit être éduquée si nous ne voulons pas nous éparpiller et nous perdre. Cela est d’autant plus urgent qu’à notre époque de l’instantané et du « tout écran », tout est fondé sur cette sensibilité dévoyée. La sensibilité est notre principale faiblesse face au monde (avec l’ignorance) : désinformation, débat politique, politiquement correct, nouveaux dogmes, tout utilise notre sensibilité pour nous affadir. Alors, comment faire ?

Dompter la sensibilité

L’erreur serait de dire qu’il faut être insensible pour être fort, qu’il faut combattre et bannir les émotions et les sentiments pour ne pas se faire piéger et ainsi rester maître de soi-même. Eh bien non ! Mille fois non ! N’oublions jamais, Jésus a pleuré la mort de Lazare ! Ce qu’il faut c’est ordonner la sensibilité à la vérité. Ce travail est celui de toute une vie, il dépend de chaque caractère et doit correspondre à l’environnement de chacun. Voici les quelques principes qui demeurent.

Le temps est un allié précieux

Les émotions sont liées à un état physiologique passager, elles ne durent pas dans le temps. Le meilleur moyen de ne pas agir sous le coup d’une émotion est de temporiser. Cela permet à l’intelligence et à la volonté de reprendre le contrôle. « Tourner sept fois la langue dans la bouche avant de parler ». Le plus dur sera d’apprendre cela aux enfants mais un moyen efficace est de leur apprendre la patience (supporter les petits défauts des autres, les petits inconforts, terminer ce qu’on a commencé, apprendre à contempler). De manière générale, à notre époque où tout est voulu et obtenu dans la seconde, apprenons à attendre.

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Les écrans véhiculent des images et des musiques, très souvent médiocres, voire dangereuses, qui par leur force suggestive stimulent plus notre sensibilité que notre intelligence, voire ne s’adressent qu’au « palpitant », donnent la chair de poule mais n’effleurent pas, même une seconde, notre intelligence sous somnifère. Il est toujours utile de rappeler cette évidence, tant c’est important ! Nous devons être actifs dans ce que nous écoutons et ce que nous regardons et nous obliger à poser un regard critique sur les contenus ingérés. Enfin, n’oublions pas qu’entre une heure sur un écran et une heure avec un bon livre, il faut toujours choisir le bon livre ! La lecture est le remède aux écrans qu’il nous faut apprendre à nos enfants, par exemple en leur mettant à disposition une bibliothèque et en les incitant fortement à lire.

Bannir les réseaux sociaux

Il est toujours utile de rappeler l’importance d’une telle règle de vie. Le principe d’un réseau social est de se mettre en avant, de manière totalement publique ou auprès d’un groupe de tiers. Cela ne peut que flatter notre sensibilité et nous couper du réel. Si vos filles sont sur les réseaux sociaux, elles se mettent en danger de se construire une vitrine narcissique qui les éloignera du réel et pourra les empêcher de poser leurs grands choix de vie : mariage, vocation. Cela risque fortement de les rendre superficielles et creuses. Il en va de même pour les garçons, évidemment. Nous avons tous l’image du garçon qui saute du plus haut plongeoir de la piscine publique, parce que des gens regardent : il veut épater la galerie. Eh bien, c’est ce que tout le monde fait sur Facebook, WhatsApp, Instagram, Snapchat, YouTube ou tout autre outil d’abrutissement des masses. Tous ces réseaux ne sont que des scènes minables où nous jouons un mauvais théâtre, souvent narcissique, très souvent pauvre, presque toujours inutile et parfois nauséabond (calomnies, rumeurs, vindictes, jugements, vanités).

Se méfier du romantisme

Entendons par romantisme toutes les œuvres, notamment une certaine littérature, certaines musiques et de nombreux films qui flattent d’abord et en premier les émotions. Si vos filles lisent des romans « à l’eau de rose », elles se feront de fausses idées des hommes, elles risquent d’attendre un prince idéal et pourraient passer à côté d’un homme réel, certes imparfait mais que Dieu aura placé sur leur route. Et ne parlons pas des garçons ! Le romantisme a encore plus d’impact sur eux que sur les filles. Si vos garçons écoutent des musiques lascives, ils seront paresseux et, plus grave, ils seront faibles face aux tentations d’impureté. Combien de vocations manquées parce que des garçons se perdent dans des rêveries désincarnées et sentimentales ?

Notons ici l’importance de la différence d’attitude à adopter envers les garçons et les filles : les filles seront plus enclines à devenir fleur bleue, il faut donc surveiller leurs lectures (exemple : livres tels que Delly, Barbara Cartland etc.), les musiques qu’elles écoutent et les amies qu’elles fréquentent. Mais il faut se résoudre à un certain romantisme chez les filles. Soyons plus vigilants avec les garçons.

Demeurer au lieu de zapper

A notre époque, tout est « instantané ». Un mail ? Il faut répondre. Un appel ? Il faut le prendre, peu importe si nous sommes à table. Un texto ? Il faut répondre et mettre une émoticône (important ça l’émoticône !). Une publication sur Facebook ? Il faut dire si on aime (ou pas). Une question ? Google est ton ami. Cela est si facile, cela va si vite ! Mais nous sommes-nous déjà demandé si tout cela n’était pas dangereux ? A une époque de gens pressés, on ne peut que ressentir, pas réfléchir. A une époque de gens qui courent, on ne peut que réagir et pas agir. A une époque de gens qui zappent, on ne peut que manquer la vérité et pas la contempler.little girl r A une époque de gens qui ont déjà tout vu, on ne peut qu’être blasé, on ne sait plus s’émerveiller. Le remède à l’« esprit zapping » est la contemplation. Apprenons à nos enfants à contempler la beauté du monde, simplement, sans chichi, sans fard mais en vérité.

Prendre en compte les tempéraments

Évidemment, il faut prendre en compte les différences de tempérament de nos enfants. Essayons ainsi de stimuler leur sensibilité lorsqu’ils sont bilieux ou flegmatiques. En revanche, faisons attention à ce que nos enfants mélancoliques et sanguins sachent la contrôler. Surtout les mélancoliques !

Suite : Conclusion, le modèle liturgique