Introduction
Par « sensibilité » l’on entend plusieurs choses : l’aptitude à percevoir et à réagir à ce qui nous entoure, l’aptitude à sentir les choses via nos sens, l’aptitude à éprouver des sentiments, etc. Ce que nous retiendrons ici est le sens le plus communément admis : la sensibilité est l’aptitude à s’émouvoir, à éprouver des sentiments et de profondes impressions.
La sensibilité se situe ainsi entre les sens et la passion. Elle est à la fois physique et spirituelle, à la fois liée au corps et liée à l’âme. En fait, elle est plutôt l’impact que peuvent avoir les sens et l’imagination sur l’âme en y causant la passion. Ainsi, la vue d’un enfant miséreux et affamé va émouvoir et causer de la compassion. Dans cet exemple, la sensibilité est cette aptitude à s’émouvoir, provoquée par la vue de l’enfant amaigri et entraînant la compassion.
La sensibilité est donc moralement neutre ; il s’agit d’une aptitude. Et pourtant, nous voyons autour de nous qu’aujourd’hui la sensibilité impose sa dictature partout : elle asservit les intelligences, elle est l’arme de la désinformation et de l’abrutissement des masses, elle dicte et dirige tout. Nous vivons à une époque où l’on fait pleurer les masses sur les ours polaires qui meurent de faim parce que la calotte polaire fond et, par là, on impose des éoliennes partout pour les sauver. On nous fait pleurer sur la vache qui est tuée dans l’abattoir pour nous faire manger des steaks de soja. On nous passe de la musique entraînante et on nous met des ballons dans les mains pour attirer les « jeunes » dans les manifestations. On nous fait pleurer avec des chants qui « prennent au tripes » pour remplir les églises qui se sont vidées. La sensibilité, avec le plaisir, est l’arme du monde pour asservir les âmes. Mais faut-il pour autant la rejeter en bloc ? Tout entière ? Voire la nier ?
Non ! A ceux qui refusent de contempler un paysage ou un tableau de peur de s’émouvoir, il faut dire que Dieu a voulu la beauté pour enseigner les âmes : sa liturgie en est le plus bel exemple. A ceux qui disent que « ressentir c’est déjà céder », il faut rappeler que Dieu a voulu transmettre sa grâce par les sacrements, signes sensibles. A ceux qui disent : « un homme ne pleure jamais », il faut dire : « Jésus a pleuré la mort de Lazare et la destruction de Jérusalem ».
Ainsi, comme toujours, il faut trouver le juste milieu pour trouver le bien. L’objet de ce dossier est de donner quelques clés pour trouver ce juste milieu, notamment dans l’éducation de nos enfants.
La sensibilité étant à la foi de chair et d’esprit, nous regarderons d’abord comment agir sur le corps pour maîtriser notre sensibilité, puis comment agir sur notre esprit et enfin, nous chercherons une conclusion à travers la liturgie.
Suite : Agir sur notre corps