L'autorité dans la famille
Qui, mieux que Pie XII en 1941, dans ses « Discours aux jeunes époux »1, pouvait mieux évoquer ce sujet ? Le texte qui suit n’est qu’un résumé de ses interventions.
Epoux : en échangeant vos consentements, vous avez fondé une famille ; or, toute famille est une société, et toute société bien ordonnée réclame un chef dont le pouvoir vient de Dieu. Un chef que Dieu a investi d'autorité sur celle qui s'est donnée à lui pour être sa compagne, et sur les enfants qui viendront par la bénédiction de Dieu.
Dans la vie de la famille, Dieu a soumis l'épouse au mari
L'autorité du chef de famille vient de Dieu, de même que c'est de Dieu qu'Adam a reçu l'autorité de premier chef du genre humain. Epouses et mères chrétiennes, que jamais ne vienne à vous la soif d'usurper le sceptre familial !
Dans la sainteté, par le moyen de la grâce, les époux sont également et immédiatement unis au Christ. Ceux-là, en effet, écrivait saint Paul, qui ont été baptisés dans le Christ et se sont revêtus de lui sont tous fils de Dieu, et il n'y a pas de différence entre l'homme et la femme, parce que tous sont un seul dans le Christ. Mais autres sont les conditions des époux dans l'Eglise et dans la famille en tant que sociétés visibles. Aussi avertissait-il : « Je veux cependant que vous sachiez que le chef de tout homme, c'est le Christ, que le chef de la femme, c'est l'homme. Comme le Christ, en tant qu'homme, est soumis à Dieu, et tout chrétien au Christ, ainsi la femme est soumise à l'homme ».
La vie moderne tend à mettre la femme sur le même pied que l'homme
Les conditions de vie résultant de la situation actuelle économique et sociale tendent à établir en pratique une large équivalence entre l'activité de la femme et celle de l'homme, et bien souvent les époux se trouvent dans une situation qui se rapproche fort de l'égalité. Souvent, le mari et son épouse exercent des professions de même ordre, fournissent par leur travail personnel à peu près la même contribution au budget familial, tandis que ce travail même les conduit à mener une vie assez indépendante à l'égard l'un de l'autre. Les enfants que Dieu leur envoie entre temps, comment sont-ils surveillés, gardés, éduqués, instruits ? Vous les voyez souvent confiés très tôt à des mains étrangères, formés et conduits par d'autres que leur mère. Faut-il s'étonner que le sens de la hiérarchie dans la famille aille s'affaiblissant et finisse par se perdre ? Faut-il s'étonner que l'autorité du père et la vigilance de la mère n'arrivent point à rendre joyeuse et intime la vie familiale ?
Sous l'Empire romain, la pleine émancipation de la femme conduisit à la dissolution de la famille
Un nombre sans cesse croissant de femmes dédaignaient et fuyaient les devoirs de la maternité, pour se donner à des occupations et jouer un rôle jusqu'alors réservés aux hommes. Les divorces ne cessaient d'augmenter, la famille allait se dissolvant, l'affection et les mœurs de la femme s'écartaient du droit chemin de la vertu. Or, la femme a beaucoup de puissance sur les mœurs publiques et privées, parce qu'elle possède un grand pouvoir sur l'homme ; souvenez-vous d'Eve : séduite par le serpent, elle donna le fruit défendu à Adam, et il en mangea aussi.
C'est le christianisme qui a rétabli la famille, par la restauration de la hiérarchie naturelle…
Rétablir dans la famille la hiérarchie indispensable aussi bien à son unité qu'à son bonheur, rétablir l'amour conjugal dans sa première et authentique grandeur, ce fut une des plus grandes entreprises du christianisme.
L'essentiel de la hiérarchie naturelle dans la famille, telle que l'exige l'unité du mariage, la Providence l'a marquée par les qualités spéciales, différentes et complémentaires dont il a doté l'homme et la femme.
Maris, exercez votre autorité, mais dans l'amour
Maris, vous avez été investis de l'autorité. Dans vos foyers, chacun de vous est le chef. N'hésitez donc point à exercer votre autorité ; ne vous soustrayez pas à vos devoirs, ne fuyez pas vos responsabilités : que l'indolence, l'insouciance, l’égoïsme et les passe-temps ne vous fassent pas abandonner ce poste.
Mais, envers la femme que vous avez choisie pour compagne de votre vie, quelle délicatesse, quel respect, quelle affection votre autorité ne devra-t-elle pas témoigner et pratiquer en toutes circonstances, joyeuses ou tristes ! Suivez l'exemple de saint Joseph. Il contemplait devant lui la Très Sainte Vierge, meilleure, plus sainte, plus élevée que lui ; un souverain respect lui faisait vénérer en elle la Reine des anges et des hommes, la mère de son Dieu ; et pourtant, il restait à son poste de chef de famille et ne négligeait aucune des obligations que lui imposait ce titre.
Epouses, obéissez, mais avec amour
Et vous, épouses, élevez vos cœurs ! Ne vous contentez pas d'accepter et presque de subir l'autorité de votre époux à qui Dieu vous a soumises par les dispositions de la nature et de la grâce. Dans votre sincère soumission, vous devez aimer l'autorité de votre mari, l'aimer avec l'amour respectueux que vous portez à l'autorité même de Notre-Seigneur, de qui descend tout pouvoir de chef.
Nous savons bien que, de même que l'égalité dans les études, les écoles, les sciences, les sports et les concours fait monter dans bien des cœurs de femmes des sentiments d'orgueil, ainsi votre ombrageuse sensibilité de jeunes femmes modernes ne se pliera peut-être pas sans difficulté à la sujétion du foyer domestique. Nombre de voix autour de vous vous la représenteront, cette sujétion, comme quelque chose d'injuste ; elles vous suggéreront une indépendance plus fière, vous répéteront que vous êtes en toutes choses les égales de vos maris et que sous bien des aspects vous leur êtes supérieures. Prenez garde à ces paroles de serpent, de tentations, de mensonges : ne devenez pas d'autres Eve, ne vous détournez pas du seul chemin qui puisse vous conduire, même dès ici-bas, au vrai bonheur.
L’autorité en famille
Parents, tempérez votre force par une bonté douce et patiente. La rigueur n'est digne d'éloge que lorsque le cœur est doux. L'autorité n'est forte et respectée que lorsque les subordonnés savent qu'elle n'a pour mobiles que la raison, la foi, la conscience du devoir.
Si les ordres donnés aux enfants et les réprimandes adressées procèdent des impressions du moment, d'impatience, d'une imagination ou d’un sentiment aveugle ou irréfléchi, les ordres ne manqueront pas d'être la plupart du temps arbitraires, incohérents, injustes peut-être, et inopportuns.
Gardez-vous de vous jouer de vos enfants et de les tromper en alléguant des raisons ou des explications fallacieuses et sans consistance, distribuées au hasard, pour vous tirer d'embarras et vous défaire de questions importunes. Ne faussez point la vérité et au besoin taisez-la ; vous ne soupçonnez pas les troubles et les crises qui peuvent s'élever dans les petites âmes, le jour où elles viennent à connaître que l'on a abusé de leur crédulité naturelle.
Enfin, l'amour et l’autorité s'accompagnent du bon exemple. Les enfants ont besoin d’un père et d’une mère qui, dans leur manière de parler et d'agir, donnent l'exemple du respect des autorités légitimes et d'une constante fidélité à leurs propres devoirs.