Le patrimoine familial
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Y a-t-il contradiction entre la détention d’un patrimoine familial et l’Esprit de pauvreté prôné par l’Evangile ?
Cellule fondamentale, élément constitutif de la société, la famille doit disposer des moyens nécessaires à sa vie, à son développement et à sa mission éducatrice. Le patrimoine familial, hérité ou acquis, est donc à considérer et à entretenir comme le terreau qui permet la culture et l’épanouissement des jeunes plants. Bien sûr, au sens large, le patrimoine est d’abord spirituel, moral, intellectuel, voire artistique... Mais, comme l’âme a besoin du corps et la grâce de la nature, nous ne saurions négliger ce qui garantit l’assise matérielle de nos familles, chacune selon sa condition.
L’esprit de pauvreté nous maintient dans la considération de cette finalité, dans la juste mesure de l’utilisation de ces biens. Il nous aidera à supporter le cas échéant la pauvreté réelle ou à prélever sur nos biens ce qui est nécessaire à l’Eglise et à plus pauvre que nous. La confiance dans la providence ne dispense cependant pas le père de famille de faire ce qui dépend de lui pour assurer aux siens des conditions de vie décentes et, au-delà, une prospérité stable qui mette la famille et ses membres en situation de concourir généreusement au bien commun.
Le « bien de famille » de l’ancienne France, cher à Frédéric le Play et aux catholiques sociaux, n’a jamais, malgré leurs efforts, retrouvé sa place dans notre droit issu des principes révolutionnaires et du code Napoléon. La famille ne constitue pas véritablement un sujet de droit au regard de la loi, laquelle ne reconnaît la détention du patrimoine qu’aux personne physiques et aux personnes morales (sociétés ou associations). Il convient donc de considérer avec attention les modalités de constitution, de conservation et de transmission du patrimoine permises par la législation en vigueur pour en maintenir sa véritable finalité familiale.
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Références
La famille catholique - Abbé Troadec - Livre 3, titre III
La Famille et la cité - Charles de Ribbe
Vérité sociale et erreurs démocratiques - Mgr Henri DELASSUS