Chers lecteurs,
L’un des ouvrages fondateurs du mythe qui entoure l’œuvre du regretté Jean Raspail avait pour titre Qui se souvient des hommes ? Près de trente-cinq ans plus tard, plus d’une génération après, cette fiction pourrait nous revenir aujourd’hui sous la forme d’une question presque semblable : où sont passés les hommes ?
Dans une société émasculée, dont les dirigeants et les lobbies s’affichent en contempteurs réguliers d’une virilité fondatrice des familles et protectrice des faibles, l’homme semble s’être perdu, comme honteux de son ombre et repentant de sa nature. Nous le constatons, souvent avec effarement, les premières victimes de sa démission sont d’abord ceux qui seraient en droit d’attendre de lui qu’il joue pleinement son rôle. Après lui, dans le sillage de ses égarements, ce sont tous les membres de la société et les sociétés elles-mêmes qui sont gagnés par l’anarchie, par la désorganisation et le désordre. Plus de chef, plus de structure. Une façon simple – et certainement la plus efficace – de se couper du Créateur.
Alors osons la question qui dérange : dans nos propres familles, dans nos paroisses, nos prieurés et dans nos cercles, chez nous et nos proches, dans l’éducation que nous donnons comme dans l’exercice quotidien de nos responsabilités, dans nos comportements, quel sens, quelle place, quel respect accordons-nous à la hiérarchisation que Dieu lui-même a voulue dans sa création du genre humain ? Qu’avons-nous fait des hommes ? Si la réponse à ces questions peut s’avérer parfois cruelle, il serait faux toutefois de croire que tout est perdu. Le pire n’est jamais acquis et le remède à ces déliquescences existe. Il porte un nom : l’engagement. Le dossier de ce numéro s’y consacre : notre société tout entière, nos sociétés proches qui la composent attendent de nous un vrai sursaut. N’en doutons pas un instant.
Cultiver l’engagement, à tous les niveaux qui nous sont proposés, et ils ne manquent pas, constitue sans aucun doute l’une des pistes les plus sérieuses, propice à la régénération de notre monde : c’est pourquoi, sur ce sujet brûlant, vous sont proposés quelques constats sans concession, quelques sentiers de réflexion et quelques beaux exemples que nous avons choisis pour être incitatifs. Et, vous le verrez, ce n’est pas qu’une simple affaire de « gros bras ». L’intelligence, la volonté et les qualités de cœur figurent en première ligne.
Alors engageons-nous, rengageons-nous : à défaut de voir du pays, répondons à nos vocations et préparons-nous ainsi les voies du Ciel.
Bonne lecture !