Tour d’horizon de l’actualité : euthanasie, bioéthique, GPA et ode à la maternité
Ces dernières semaines, l’actualité politique, législative et littéraire est tout en contrastes : le débat sur la légalisation de l’euthanasie revient en fanfare tandis qu’assez discrètement, c’est une question de bioéthique cruciale car relative au devenir des embryons congelés et donc au respect de la vie qui a été tranchée par le ministère de la santé malheureusement sur le mode du Meilleur des mondes. Autant de raisons pour penser vivre pleinement cette « éclipse de l’intelligence » prophétisée par Alexandre Soljenitsyne et désespérer de l’avenir. Pourtant, toujours pour paraphraser ce grand résistant à l’idéologie soviétique, ces derniers jours encore, « des hommes (et des femmes) continuent de se lever, « au nom de la vérité, de la nature, de la vie (…) pour exercer leurs enfants à penser différemment ». En signant dans un genre très différent leur ouvrage Où es-tu maman ? et Yes Kids, Olivia Maurel et Gabrielle Cluzel sont de ceux-là. La première est enfant née de GPA ; son témoignage poignant bouscule, soulève le voile et oblige à porter un regard de vérité sur ce qu’est la réalité de la GPA. L’autre, mère de famille nombreuse et journaliste, a décidé d’en finir avec l’idéologie du « no kids » et de défendre les joies de la maternité rayonnante. Puisse cette littérature bienvenue contribuer à briser cette « spirale du déclin du courage ».
L’euthanasie c’est reparti !
Les acharnés du « permis de tuer » ne désarment pas. Nullement découragé par l’interruption des travaux législatifs de juin 2024 du fait de la dissolution de l’Assemblée nationale, le député Falorni, sous pression de la tristement célèbre ADMD (Association pour le Droit à mourir dans la Dignité) a donc une nouvelle fois remis l’ouvrage sur le métier. À l’heure où ces lignes sont écrites, les débats en cours sur les grandes lignes des textes (le projet de loi a été scindé en deux parties, une sur les soins palliatifs, l’autre sur « la fin de vie ») ne sont guère encourageants : l’euthanasie pourrait bien être autorisée de manière très permissive et notamment aux malades en souffrance « psychique ou psychologique », la confusion sémantique (entre « fin de vie », « suicide assisté », « euthanasie » requalifiée en « mort naturelle ») joue à plein, les sondages biaisés tentent de faire croire que les français y tiennent, le délit d’entrave pénalement sanctionné institué et les amendements proposés par les opposants systématiquement rejetés (comme la clause de conscience des pharmaciens qui ne disposeraient d’aucune liberté pour refuser de vendre des produits létaux). Ne pas oublier qu’en toile de fond, se jouent de gros intérêts financiers parmi lesquels les mutuelles qui ont tout intérêt à abréger les très coûteux derniers jours des Français…
Cette fois-ci cependant, il semble qu’une opposition un peu plus consistante se fasse jour. Groupés dans le nouveau collectif le CDES (Collectif Démocratie, Éthique et Solidarités), des personnalités de tous bords telles Emmanuel Hirsch, professeur émérite d’éthique médicale et membre de l’Académie nationale de médecine, Jean Leonetti, médecin, ancien ministre, auteur de la loi de 2005 sur la fin de vie, ou encore l’ancien ministre de la Santé François Braun montent au créneau pour dénoncer « ce droit à une mort provoquée » qui interviendrait au terme d’une « procédure anormalement expéditive » basée sur des critères « flous et subjectifs ». Même le Premier ministre Bruno Retailleau s’inquiète d’un texte « tellement permissif » allant « dans le très mauvais sens ». Les associations Alliance Vita, la Fondation Jérôme Lejeune et l’ECLJ (European Centre for Law and Justice) déploient toute leur énergie lors des auditions parlementaires et dans les médias pour alerter sur cette « rupture anthropologique majeure » aux conséquences catastrophiques. Ainsi, et selon Jean-Marie Le Méné, le président de la Fondation Jérôme Lejeune qui s’exprimait dans les colonnes du JDD : « parents et soignants sont nombreux à nous confesser leur crainte qu’à terme, l’euthanasie soit proposée comme solution aux personnes porteuses de handicap » sans compter que « si cette loi sur la fin de vie passe, cela risque d’acter la destruction du métier de soignant, puisque leur lien de confiance avec les patients sera détruit ». Lors d’un débat organisé par Le Figaro, le sulfureux écrivain Michel Houellbecq a même osé cette phrase : « Aucun besoin d’être un catho réac pour être contre l’euthanasie », preuve que les opposants au projet mortifère ne sont pas toujours du côté que l’on croit.
« Nous allons entrer dans une société de l’invivable, je dis aux parlementaires, de grâce, vous allez tuer notre civilisation » concluait Philippe de Villiers sur le plateau de CNews. On ne saurait mieux dire.
Les stocks d’embryons congelés ne seront finalement pas détruits
L’annonce du ministère de la santé ce 6 mars, passée relativement inaperçue, rejoint la vision prophétique du roman d’Aldous Huxley, Le meilleur des Mondes. La question agitait associations et professionnels de santé qui s’inquiétaient d’un des effets non anticipés de la nouvelle loi de bioéthique de 2021 légalisant la PMA pour toutes. À compter du 31 mars 2025, afin de préserver le droit des enfants nés de PMA à accéder à leurs origines, il n’était plus permis d’utiliser les embryons congelés conçus avec donneurs anonymes. Dès lors, un épineux problème était soulevé : que faire de ces embryons congelés dans des cuves d’azote estimés par Jean-Marie Le Méné « à plusieurs dizaines voire centaines, fabriqués en très grand nombre pour des raisons d’efficacité puisque leur implantation dans l’utérus féminin ne marche pas à tous les coups » ?
Selon le président de la Fondation Jérôme Lejeune, chaque famille concernée par la PMA a en effet un petit stock d’embryons qui restent à leur disposition pendant cinq ans Expiré ce délai, si l’embryon n’a pas fait « l’objet d’un projet parental » il peut être donné à un autre couple (pratique très peu utilisée dans les faits), simplement détruit ou – ultime solution – donné à la recherche.
La nouvelle loi de bioéthique impliquait logiquement la destruction de ceux conçus de manière anonyme. Il n’en sera rien. Au grand soulagement des familles concernées, comme cette mère inquiète à l’idée d’imaginer ses embryons jetés à la poubelle : « J’ai l’impression qu’on va tuer les frères et sœurs potentiels de mon bébé », mais également d’associations soucieuses du respect de la vie pour qui les embryons sont avant tout des êtres humains très petits. Pour des raisons diamétralement opposées, d’autres grands experts comme le professeur Sami Hamamah, « figure majeure de la PMA » se scandalisaient d’avance du risque de gâchis de la destruction d’un matériel de laboratoire que deviennent ces embryons dont personne ne veut. Un sérieux problème éthique que la fondation Jérôme Lejeune ne cesse de dénoncer, soulignant que les seuls animaux font l’objet d’une bien meilleure protection contre les expérimentations scientifiques en laboratoire (limitées par une directive européenne de 2010). Curieux sens des priorités pour une société qui, déplore Jean-Marie Le Méné, « a fabriqué des embryons humains en surnombre sans réellement anticiper ».
Où es-tu Maman ? Le témoignage poignant d’une femme née de GPA - L’envers d’un trafic sordide
Alors que rien ne semble stopper la succession des réformes sociétales en France telles que la PMA ou l’ajout à la constitution de l’avortement et que la légalisation de la GPA (gestation pour autrui) semble inéluctable, le livre d’Olivia Maurel bouleverse la donne. À rebours de l’air du temps, des tendances des magazines People et de l’exemple des stars privilégiées qui cherchent à donner une image plaisante et altruiste de la GPA, les confidences de la jeune femme ouvrent les yeux sur l’envers du décor de ce qui n’est qu’un sordide trafic d’enfants et une mise en esclavage de femmes. Car Olivia Maurel est une de ces enfants commandée, abandonnée à la naissance par sa mère biologique et vendue à un couple qui l’a élevée. La jeune femme qui a toujours été hantée par ce syndrome de l’abandon et a fini à l’occasion d’un test ADN par en avoir le cœur net, se livre avec beaucoup de sincérité sur ses traumatismes et les désordres psychologiques qu’elle a subis : drogues, alcool, dépression, viol puis avortement. Si elle s’en sort aujourd’hui c’est grâce au foyer qu’elle a su construire (elle est mère de trois enfants) et aussi à ce combat qu’elle a décidé de livrer contre la GPA en tant que porte-parole de l’initiative internationale Déclaration de Casablanca. Entourée d’une équipe d’experts, chercheurs, praticiens, juristes, médecins et psychologues de toutes nationalités, Olivia Maurel parcourt le monde entier à la rencontre d’institutions internationales et de gouvernements pour convaincre de l’abolition de la pratique «partout dans le monde». Le récit d’une jeunesse brisée et d’un courage de femme qui devrait compter face à une idéologie déconnectée, matérialiste et individualiste.
Yes kids, enfin une ode à la maternité !
Parce qu’« en acceptant de renoncer à leur maternité les femmes ont abdiqué » pour leur plus grand malheur et celui de leurs contemporains (jamais la France n’a si cruellement manqué d’enfants) et pour enfin briser les sarcasmes dont sont victimes les mères de familles, la journaliste et chroniqueuse (Boulevard Voltaire, Europe1, Famille Chrétienne et CNews), mère de sept enfants, Gabrielle Cluzel, signe un réquisitoire en règle contre cette propagande qui ne cesse de glorifier les femmes qui renoncent à la maternité sous prétexte de sauvegarder la planète, privilégier une carrière ou préférer leur épanouissement personnel. Son livre, Yes kids est une réponse (d’où son titre en miroir inversé !) à No Kid (Éditions Michalon) de Corinne Maier, publié en 2007, traduit en onze langues, et tant d’autres (voir aussi l’ouvrage récent d’Hélène Gateau « Pourquoi j’ai choisi d’avoir une chien et pas un enfant »). Avec sa plume acérée qui fait toujours mouche, Gabrielle Cluzel remet l’église au milieu du village, rappelant que « la première statue détruite au burin de la cancel culture a été celle de la mère », déconstruit le grand enfumage des féministes et plaide la cause des grandes oubliées des politiques publiques (qui a pensé à récompenser les mères lors de la réforme des retraites ?), les mères. Fort heureusement Gabrielle Cluzel n’est pas un cas isolé. À l’automne, la journaliste Aziliz Le Corre publiait L’Enfant est l’avenir de l’homme : la réponse d’une mère au mouvement « No kids ».
Deux œuvres qui en plus d’être « de salut public » sont le signe que le retour du conservatisme a débuté.
