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L'appel au sursaut

Le 5 janvier 2019, la Fondation Lépante, présidée par R. de Mattei, s’adresse à chaque évêque à travers un appel intitulé « Osez, Monseigneur ! »

Votre dignité, Monseigneur, vient de l’honneur que vous avez de servir l’Eglise, sans chercher ni vos intérêts propres, ni le consensus des puissants. Cette dignité de Monseigneur, vous l’avez reçue de l’Eglise, non des hommes d’Eglise, et c’est à l’Eglise que vous devez en rendre compte. L’Eglise est la société divine, fondée par Jésus-Christ, toujours parfaite et victorieuse, dans le temps et dans l’Eternité. Les hommes d’Eglise peuvent servir l’Eglise ou la trahir. Servir l’Eglise signifie faire passer les intérêts de l’Eglise, qui sont ceux de Jésus-Christ, avant ses intérêts personnels. (…)

Ce serait faire affront à votre intelligence, Monseigneur, que de supposer que vous n’avez pas une certaine conscience de la crise de l’Eglise. Quelques éminents cardinaux, en diverses occasions, ont manifesté leur profond malaise et leur préoccupation quant à ce qui survient actuellement dans l’Eglise. C’est ce même malaise que ressent l’homme du commun, profondément désorienté par les nouveaux paradigmes religieux et moraux. Face à ce malaise, combien de fois, en privé, avez-vous cherché à tranquilliser votre interlocuteur par des phrases comme « Nous ne pouvons que nous taire et prier. Le pape n’est pas immortel. Nous pensons au prochain conclave ». Tout, plutôt que de parler et d’agir. Le silence comme règle suprême de comportement. Cette attitude serait-elle dictée par la servilité humaine, l’égoïsme de qui cherche avant tout à vivre tranquille, l’opportunisme de qui est capable de s’adapter à toute situation ? (…)Saint Augustin Philippe de Champaigne

Mais nous voulons vous faire réfléchir, Monseigneur, sur le fait que la voie du silence que vous voulez emprunter ne fera que porter préjudice à la papauté et hâter la venue d’un schisme dans l’Eglise.

Il est vrai, en effet, que le pape est le fondement de l’Eglise, mais avant d’être fondée sur lui, l’Eglise est fondée sur Jésus-Christ. Jésus-Christ est le fondement premier et divin de l’Eglise, Pierre en est le fondement secondaire et humain, même s’il est assisté par Dieu. L’assistance divine n’exclut pas l’erreur, ni le péché. Dans l’histoire de l’Eglise, de nombreux papes ont péché et se sont trompés, sans que soit jamais compromise l’institution de la papauté. Affirmer qu’il faut toujours suivre le pape, sans jamais s’écarter de lui, en renonçant à le corriger respectueusement, dans des cas exceptionnels, revient à attribuer à l’Eglise toutes les erreurs commises par les hommes d’Eglise au cours des siècles. Ne pas faire la distinction entre l’Eglise et les hommes d’Eglise, c’est fournir aux ennemis de l’Eglise de quoi l’attaquer et à ses nombreux faux amis de quoi renoncer à la servir.

Il est tout aussi lourd de conséquences d’affirmer que rompre le silence, dire la vérité, dénoncer – si nécessaire – les infidélités du Souverain Pontife, mènerait à un schisme. Le schisme est division, et jamais l’Eglise n’est apparue aussi divisée et fragmentée que de nos jours. Au sein de chaque paroisse, chaque diocèse, chaque nation, il est devenu impossible de définir une règle commune de vie selon l’Evangile, parce que chacun fait l’expérience d’un christianisme différent, tant dans le domaine liturgique que dogmatique, en forgeant sa propre religion, si bien que de commun il ne reste que le nom, sans la substance. (…) L’étoile indiquant la route a disparu et les fidèles avancent dans l’obscurité de la nuit, en suivant des opinions et des sentiments personnels, sans qu’une voix se lève pour leur rappeler quelles sont la doctrine et la pratique immuables de l’Eglise. Le schisme naît de l’obscurité, fille du silence. Seules des voix claires (…) peuvent dissiper les ténèbres et permettre aux bons catholiques de surmonter les divisions provoquées par ce pontificat, et d’éviter à l’Eglise de nouvelles humiliations (…). Pour sauver l’Eglise du schisme, il n’y a qu’une voie : celle de proclamer la Vérité. Se taire, c’est le favoriser. (…)

Le monde peut vous attaquer par des diffamations et des médisances, vos supérieurs peuvent vous priver de votre autorité et de votre dignité extérieure. Mais c’est au Seigneur que vous devrez en rendre compte, comme chacun de nous, au jour du Jugement, quand tout sera pesé et jugé à sa juste valeur. (…)

Ce que nous vous demandons, Monseigneur, c’est d’adopter un comportement de critique filiale, de résistance déférente, de dévote séparation morale des responsables de l’autodémolition de l’Eglise. Osez encourager ouvertement ceux qui défendent l’Eglise en son sein et professent publiquement la Vérité catholique intégrale. Osez chercher d’autres confrères qui s’unissent à vous et à nous pour faire résonner ensemble ce cri de guerre et d’amour que saint Louis-Marie Grignion de Montfort fait entendre dans la Prière embrasée en ces termes prophétiques : « Au feu, au feu, au feu ! Au feu dans la maison de Dieu, au feu dans les âmes, au feu jusque dans le sanctuaire ! ». (…)

Osez Monseigneur, prenez cette sainte résolution pour 2019 et vous nous trouverez à vos côtés, dans le bon combat !

Vittorio Oltramari
mars 2019