Dans ce numéro de Famille d’Abord, nous faisons un tour d’horizon des multiples initiatives en faveur des familles, qu’elles émanent de la société civile ou des responsables politiques, ainsi que des décisions gouvernementales comme le plan de lutte contre le harcèlement en milieu scolaire. Une chose est sûre, toutes les strates de la société, élus et responsables politiques, syndicats, mouvements et associations montent au créneau pour défendre la famille dans l’intérêt de la nation. À nous d’y participer chacun selon son charisme et sa position.
Sept propositions de loi déposées à l’Assemblée nationale pour relancer la natalité
Plus qu’une nécessité, c’est une urgence vitale ! Les chiffres sont catastrophiques : depuis 2011 le nombre de naissances ne cesse de reculer, atteignant son plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Selon l’INSEE, 723 000 bébés sont nés en 2022. C’est 19 000 de moins que l’année précédente.
Conscients de cette crise majeure de la démographie française et prenant acte de ce que les Français souhaitent dans la réalité avoir plus d’enfants, des députés d’horizons divers (du LR au RN, en passant par l’UDI) ont récemment déposé sept propositions de loi sur le bureau de l’Assemblée nationale.
Les mesures proposées sont concrètes et variées : retour à l’universalité des allocations familiales, prolongation et réforme du congé parental, mesures fiscales incitatives, amélioration de l’offre des modes de garde et de la Prestation de l’Accueil du jeune enfant (PAJ)…
Pour sa part, le RN, souhaite « faire de l’année 2024 une année dédiée à la relance de la natalité française ». À suivre…
Cinquième sommet international sur la démographie à Budapest
L’effondrement démographique ne concerne pas que la France ; c’est toute l’Europe qui est touchée.
La Hongrie, qui a pris le problème à bras le corps et développé une politique familiale ambitieuse avec des résultats encourageants (le taux de fécondité est passé de 1,25 enfants par femme à 1,6 en 10 ans), réunissait en septembre 2023 un sommet international consacré au sujet. Décideurs politiques, experts, universitaires du monde entier et d’autres parties prenantes se sont retrouvés pour aborder les divers défis démographiques, notamment le vieillissement de la population, la baisse des taux de natalité, les migrations et leurs conséquences sur la société, ainsi que l’économie et le développement durable, sous la houlette de Katalin Novak, présidente de la Hongrie et ancienne ministre de la famille. Avec la participation remarquée cette année de Giorgia Meloni, chef du gouvernement italien qui, lors de son discours a prononcé ces mots : «Défendre l’humanité (…), c’est défendre les familles, défendre les nations, défendre l’identité, défendre Dieu et toutes les choses qui ont construit notre civilisation.»
Un événement qui prend une résonance particulière avec les élections européennes prévues au mois de juin 2024, ce que n’a pas manqué de rappeler Victor Orban en pointant l’importance pour les partis pro-famille de remporter un maximum de sièges au parlement européen.
« Parce qu’on a tous besoin de la famille, syndiquez-vous » : Naissance du Syndicat de la famille
La Manif pour tous fêtait ses 10 ans au mois de mars. Un anniversaire pour annoncer une naissance puisque le mouvement, né à l’occasion de la contestation de la loi légalisant le mariage homosexuel disparaît, pour laisser place au Syndicat de la famille. Pour Ludovine de La Rochère, sa présidente, le nom de La Manif pour Tous était un peu réducteur pour son action : «Nous voulons une politique portée par une vision globale qui inclut la natalité, comme l’accompagnement des aînés en fin de vie, la protection des mineurs, comme le respect des pères et des mères, la solidarité entre conjoints comme la solidarité intergénérationnelle»2. Un combat qui, en effet, ne cesse de s’étendre : entre baisse de la natalité, retraites des mères de famille, projet de loi euthanasique et GPA, le syndicat qui ne manque pas de grain à moudre, s’est déjà investi dans une veille parlementaire, un appel à vigilance sur ce que prépare l’Éducation nationale en matière d’éducation sexuelle à l’école, des appels à manifester contre le projet européen pro GPA et bien d’autres actions…
Succès pour le réseau des Parents Vigilants
Créé il y a tout juste un an dans le sillage du mouvement Reconquête, le réseau Parents vigilants qui présentait des candidats aux élections de parents d’élèves en ce mois d’octobre dans l’ensemble des établissements scolaires privés et publics, a remporté 3 500 sièges sur 240 000. De quoi asseoir la légitimité du réseau qui, fort de l’inscription de ses 60 000 parents, lutte avec acharnement contre l’entrée de l’idéologie à l’école sous toutes ses formes : wokisme, islamisme et lobby immigrationiste. C’est en recueillant des témoignages et en médiatisant les affaires – comme les ateliers de déconstruction du genre ou la manière d’enseigner l’éducation sexuelle en primaire – que Parents vigilants parvient petit à petit à briser l’omerta qui règne à l’Éducation nationale et redonner courage et bon sens à des parents seuls et démunis. Victime d’une cabale médiatique l’accusant d’attiser les tensions et les haines, Parents vigilants rétorque : «nous ne voulons pas empêcher les professeurs d’instruire, nous voulons les empêcher de militer». On ne saurait mieux dire !
La Fédération des Parents d’Élèves des Écoles indépendantes fait peau neuve
Elle s’est fait connaître ces derniers mois en signalant, en liaison avec la Fondation pour l’École, les abus lors de certaines inspections académiques dans les écoles hors contrat et les conditions discriminatoires de passage des épreuves du bac pour leurs élèves. La FPEEI qui existe depuis 2016 reprend un nouveau souffle pour peser avec plus de force sur la scène éducative et mieux défendre les droits des parents des élèves des écoles hors contrat (droit aux AESH, droit au financement du libre choix de l’école). L’adhésion est gratuite pour les parents des 100 000 élèves recensés dans plus de 2 470 établissements hors contrat (chiffres de la Fondation pour l’école).
Un rapport du Haut Conseil à l’Égalité alerte sur les dérives de la pornographie
L’Arcom3 a publié en mai 2023 une étude accablante4 : 51 % des garçons de 12 ans et 65 % des garçons de 16 ans se rendent sur un site pornographique chaque mois contre 55 % des hommes majeurs. Fort de ce constat, le HCE5 a rendu son rapport6 pour mettre «fin à l’impunité de l’industrie pornographique » avec 34 recommandations pour rendre plus contraignante « la lutte contre les violences porno-criminelles et l’exploitation sexuelle». Parmi ces propositions : la possibilité de donner pouvoir à l’Arcom de bloquer les sites pornographiques ne mettant pas en place un contrôle effectif de l’âge. Espérons que ces recommandations seront suivies d’effets ; dès le début de son premier mandat, Emmanuel Macron avait annoncé un plan de bataille pour empêcher les mineurs d’accéder aux sites pornographiques. Sans effets significatifs apparemment. Notons que le procureur de la République de Paris, auditionné par le Sénat en juin 2022 sur le sujet, a judicieusement fait remarquer que la simple application de la loi pénale «permettrait de lutter contre 90 % de l’activité de l’industrie pornographique»7.
Des cours d’empathie pour lutter contre le harcèlement en milieu scolaire
Alors que les suicides d’élèves harcelés se sont multipliés ces derniers mois, le flamboyant ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a présenté le 27 septembre son plan interministériel contre le harcèlement à l’école8 avec une mesure phare : des cours d’empathie en classes de primaire... Une réponse un peu creuse pour un sujet aussi grave ! Déclaré comme «une priorité absolue», ce plan n’a rien d’une nouveauté. Depuis 2019 en effet, l’UNESCO, l’ONU9 et l’Union européenne10 travaillent sur le sujet. On comprend mieux que Gabriel Attal, mis sous pression, ne fait que suivre la feuille de route des instances internationales.
Instruction en famille : une éclaircie en vue grâce à l’ONU ?
Alors que la loi sur le séparatisme a considérablement restreint la liberté des familles d’instruire leur enfant à la maison11, le Comité des Droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU se montre particulièrement critique vis-à-vis du système instauré en France dans son rapport publié le 16 octobre 2023. L’instance internationale alerte sur la violation potentielle du principe de nécessité et de proportionnalité de la nouvelle loi française régissant l’instruction en famille, reconnue comme une alternative éducative au même titre que l’école privée sous contrat et hors contrat. L’ONU demande aussi à la France de «prendre les mesures nécessaires» pour respecter la liberté des familles de choisir une alternative à l’école, selon l’article 13.3 du Pacte international des droits sociaux économiques et culturels ratifié par la France. Lequel article du Pacte garantit la liberté des parents de choisir pour leurs enfants des établissements autres que ceux des pouvoirs publics. Pour Jean-Baptiste Maillard, secrétaire général de Liberté éducation «c’est une victoire morale importante»12. Espérons que ce rapport de l’ONU obligera nos gouvernants, manifestement peu soucieux des libertés fondamentales des parents, à faire machine arrière.