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L'avortement, un pas de plus en avant ?

Les lobbies féministes et les députés se mobilisent pour aller toujours plus loin dans le droit à l’avortement. Et pourtant, on prétend dans le même temps vouloir sauver des vies.

Infernal paradoxe.

Malgré le contexte économique et social sinistré de cette fin d’année, les promoteurs de la culture de mort sont en passe d’obtenir de nouvelles avancées dans le droit à l’avortement. Plus que la lutte contre l’islamisme et la délinquance, l’enjeu prioritaire est d’allonger le délai légal de l’avortement.

En effet, le groupe des députés écologistes a déposé une nouvelle proposition de loi : allongement du délai d’IVG1 de 12 à 14 semaines, permission pour les sages-femmes de pratiquer les IVG chirurgicaux ainsi que la suppression de la double clause de conscience pour le personnel médical. Cette initiative fait suite à un rapport parlementaire sur l’accès des femmes à l’IVG en France. Les auteurs y déploraient le manque de moyens humains et matériels pour répondre à la demande des femmes qui souhaitent interrompre leur grossesse. Considéré comme un «droit» dans notre pays, l’accès à l’IVG – selon eux – doit être assuré quels qu’en soient les moyens. Il faut pourtant savoir que le nombre d’avortements n’a jamais été si élevé (232 000 pour 2019, soit une IVG pour trois naissances !).

Il est assez paradoxal de voir que ce sont les «Verts», défenseurs de la planète et de l’écologie, qui s’en prennent à la nature humaine. A la pointe du combat pour «les droits des animaux», anti-chasse et antispécistes, ces politiciens négligent les plus faibles d’entre nous. L’animal est-il donc plus précieux et fragile que le petit de l’homme dans notre société moderne ? L’écologie animale avant l’écologie humaine ? Drôle de priorité !

Cependant il est rassurant de constater que ce texte rencontre des oppositions et permet de mettre en lumière de belles initiatives.

Il faut savoir qu’un avortement sur vingt seulement est réalisé entre 10 et 12 semaines. Le «problème» réside dans la disparité de l’accès à l’IVG sur le territoire français, ce n’est pas une question de délai. De plus, cette prolongation pose un problème technique majeur : l’intervention chirurgicale pour tuer ce fœtus devient plus complexe. Il faut réaliser qu’un bébé de 14 semaines pèse environ 100 g et mesure pas loin de 14 cm, ce n’est pas anodin d’intervenir à ce stade ! L’aspiration simple ne suffit pas ; une pince spécifique est nécessaire pour broyer la tête du pauvre bébé, triste réalité de l’avortement... De plus, à ce stade, l’avortement présente plus de dangers pour la santé de la femme qui risque des complications à long terme. Au vu de ces éléments, le Collège des gynécologues de France a donné un avis défavorable. Peu d’entre eux voudront le pratiquer, ce n’est pas un acte neutre ! Surtout si l’on se rappelle que lors du dernier allongement, en 2001, 30 % des gynécologues qui pratiquaient l’avortement avaient alors arrêté d’en réaliser.

De même, l’Académie de médecine déconseille l’extension des IVG chirurgicales aux sages-femmes qui manquent de compétences et de formation en ce domaine.

Quant à la suppression de la clause de conscience, de nombreux médecins s’y opposent aussi, comme le rappelle l’ordre lui-même, en affirmant que ce n’est pas le délai et autres dispositions qui changeront l’accès à l’IVG pour les femmes. L’ordre des médecins reconnaît que c’est tout simplement une revendication des féministes. Il existe une clause générale pour tout le corps médical qui permet de refuser de pratiquer tel ou tel acte (sous réserve de ne pas mettre la vie d’autrui en danger). Quand la loi Veil a été votée, une clause spécifique a été rajoutée pour permettre aux praticiens qui étaient en désaccord de refuser de pratiquer ou de participer à des IVG. C’est cette clause qu’on veut faire tomber aujourd’hui. Il est indispensable de la maintenir car elle protège nos médecins.

Quant au gouvernement, le ministre de la Santé a fait savoir qu’il ne se prononcerait pas avant d’avoir eu l’avis du Comité consultatif national d’Ethique qu’il a donc saisi dans la foulée. Au vu de ces oppositions, nous pouvons espérer a minima un report de ces mesures.

Unplanned Aff 8771bcd4Cette proposition de loi permet aussi de mettre en lumière une belle conversion racontée dans un film totalement négligé des grands distributeurs de cinéma français. Le film Unplanned, sorti récemment en France, raconte l’histoire vraie d’Abby Johnson, directrice d’une clinique du Planning familial aux Etats-Unis, qui est devenue militante pro-vie après avoir découvert la réalité atroce de l’avortement en le visionnant en direct via un appareil d’échographie. Ames sensibles s’abstenir (interdit aux moins de 16 ans) ! Ce film n’est malheureusement pas distribué dans les salles de cinéma classiques, il faut le visionner en ligne en achetant son ticket à https://www.sajedistribution.com/film/unplanned-non-planifie.html Il est encourageant de voir la prise de conscience salutaire de cette femme et le combat de tout le mouvement pro-vie aux Etats-Unis, soutenu par leur président en personne : de beaux exemples à suivre !

Enfin, il existe de nombreuses associations qui se battent pour la vie. Pour eux, pour nous aussi, l’avortement reste un cheval de bataille. Nous devons prier, réparer : c’est le combat de SOS Tout-Petits fondé par le regretté docteur Dor. Nous devons également nous mobiliser, manifester, dénoncer les abus, c’est le créneau d’associations comme Choisir la Vie ou Alliance Vita, ou encore «faire des coups de com» pour interpeller les Français, comme font les Survivants. Nous devons enfin venir en aide à ces femmes éprouvées, c’est le travail des associations qui ont pour but de secourir ces futures mères fragilisées, comme par exemple Mère de Miséricorde ou SOS Bébés.

Parmi ces associations, de nombreux bénévoles se dévouent dans l’ombre pour tenter de limiter ces avortements, même si leur liberté de parole est très surveillée depuis l’extension du délit d’entrave à l’IVG (loi du 20 mars 2017). Ils œuvrent, au travers d’antennes d’écoute ou via les réseaux sociaux, pour aider ces jeunes femmes en difficulté. En effet, le drame de notre société réside dans le fait que ces femmes subissent une pression énorme de leur entourage pour avorter. Elles ne savent pas qu’il y a une alternative puisque le Planning familial, les médecins, leurs proches ne les renseignent pas sur les issues possibles de leur grossesse. Fort de ce constat, l’objectif de ces bénévoles est de leur faire prendre conscience d’une part de leur maternité et, d’autre part, de leur donner des pistes. Oui, il est bien possible de garder son bébé, d’accoucher sous X, de bénéficier de diverses aides, etc. Ces «oreilles bienveillantes » tentent de les fortifier face à leur entourage pour que la décision qu’elles prennent soit la leur et non pas une solution par défaut. Les membres de ces antennes sont formés pour écouter, consoler, guider ces femmes en détresse. Ces dernières ont besoin d’écoute, de réconfort, de lumière et d’aide parfois matérielle quand elles choisissent courageusement de garder leur bébé. Il faut ensuite les accompagner dans les débuts de leur vie de jeune maman. Mais il y a aussi toutes ces femmes si désolées qui appellent pour s’épancher sur cet enfant qu’elles ont avorté, sur la peine qu’elles gardent au fond d’elles. Non, l’avortement ne laisse personne indemne, confirment les bénévoles de ces associations. Heureusement, parfois, ils ont la joie d’apprendre la naissance d’un enfant sauvé via le réseau. Saluons leur courage et leur dévouement et n’hésitons pas si notre emploi du temps le permet à aller renforcer leurs équipes !

Je suis enceinte le guideMalgré les apparences, tout n’est donc pas perdu dans ce combat pour la vie. A l’heure où nous écrivons, le texte n’est pas adopté définitivement, le gouvernement n’est pas favorable à ces nouvelles mesures (sur la forme seulement), le temps peut encore jouer en notre faveur. Soutenons et encourageons ces associations pro-vie pour que l’avortement ne soit pas encore plus le quotidien des jeunes femmes françaises.

Espérons qu’un jour la France, après d’autres pays européens comme la Pologne, la Hongrie et la Biélorussie, rejoigne la liste des 32 pays signataires de la Déclaration du Consensus de Genève, promouvant la famille et s’opposant à l’avortement comme «droit de l’homme». Sous l’égide de Trump, les Etats-Unis viennent de signer : notre tour viendra !


1. NDLR : nous conservons ce sigle pour des raisons pratiques ; en aucun cas, c’est une évidence, pour éviter ou édulcorer la réalité de l’avortement.