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Lettre ouverte à M. Macron

Notre courrier s’adressant à M. Macron, nous avons volontairement pris le parti de défendre une politique nataliste avant une politique familiale pour laquelle il faut être un minimum averti et sensibilisé…

Monsieur le Président, Dans le cadre du grand débat national que vous avez ouvert, vous nous demandez notre avis à nous citoyens français. Je profite donc de cette opportunité pour prendre la plume…

J’ai lu avec intérêt la lettre que vous avez adressée à tous les Français. Vous y soulevez avec justesse de nombreuses problématiques rencontrées par bon nombre de mes concitoyens. Cependant, une chose m’étonne, vous semblez avoir oublié un sujet ô combien important : la famille ! Vous n’avez malheureusement pas eu la chance d’être père, cependant, en tant que président de la République, vous êtes « le père du Peuple » ; il est donc de votre devoir de vous intéresser à cette question primordiale. Qu’est-ce que la famille sinon la cellule de base de la société, sur laquelle tout repose ? Sans familles, pas d’enfants, pas de citoyens, pas d’impôts, pas de retraites, pas d’avenir pour le pays ; l’équation est simple ! Je me permets donc d’attirer votre attention sur ce sujet en vous faisant part des doléances de nombreux Français.

L’INSEE vient de publier les chiffres de la natalité en France : 1,87 enfant par femme. C’est la quatrième baisse consécutive, révélatrice du malaise grave des familles. Dirigeants et médias s’en préoccupent et c’est heureux ! Jamais le solde naturel de la nation française n’avait été aussi faible depuis 1945. Quand on sait qu’il faut atteindre les 2,1 enfants par femme pour renouveler les générations, il y a effectivement de quoi s’inquiéter… Les statisticiens nous expliquent que cette baisse de la fécondité est due à la diminution du nombre de femmes en âge de procréer (c’est déjà la conséquence d’une politique antinataliste datant de 30 ans !), du contexte économique difficile, etc. Certes, tout cela y concourt mais c’est surtout les conséquences d’une politique antifamiliale, osons le dire.effet, vous n’êtes pas sans le savoir : depuis plusieurs décennies, la famille est malmenée. Les gouvernements successifs de droite et de gauche ont pris des mesures décourageantes : abaissement du plafond du quotient familial, modulation des allocations familiales, réduction de la Paje, diminution du congé parental, hausse de la TVA, pénurie de places en crèche, etc. Rien n’est fait pour aider les familles et les nouvelles réglementations ne prennent pas en compte leurs contraintes. Un exemple : vous voulez limiter au maximum l’utilisation des voitures dans un but écologique mais personne ne s’inquiète en parallèle des modalités de transport de ces familles avec des enfants en bas âge : places de parking dédiées, espace poussette dans les transports en commun, etc. ! Autre exemple, chaque hausse de la TVA impacte directement le panier des familles plus ou moins nombreuses ! Ce n’est pas parce que les familles ne sont pas les plus revendicatrices qu’il faut les oublier ; il en va de l’avenir de la France.

Après ces raisons économiques, c’est le découragement des Français qui explique plus profondément cette baisse de la natalité. Il faut redonner l’espoir et l’enthousiasme aux familles ; notre monde ne les fait pas rêver, ne les encourage pas. Personne ne favorise la natalité, ne promeut la famille, ne donne confiance aux parents. Aujourd’hui, la politique familiale française est réduite à une variable coût : les allocations familiales coûtent cher, un enfant ça pollue disent mêmes certains ! Pourtant, le « désir d’enfant » demeure : il est toujours de 2,3 enfants par couple. Il y a donc un réel décalage entre les faits et le projet des familles. Si vous donnez aux Français le moyen de la maternité, le renouvellement des générations sera assuré et cela résoudrait à terme nombre de problèmes actuels, comme les retraites et les besoins en main d’œuvre étrangère. Il me semble que le devoir d’un président de la République est de préserver l’institution familiale, de favoriser la natalité. La famille est le lieu de la vie avant tout, de la transmission, de l’épanouissement, de l’apprentissage. Vous parlez de valeurs mais qui mieux que des parents et des grands-parents peuvent transmettre ce merveilleux héritage de culture, d’histoire, de savoir, de traditions qui fonde notre pays ? N’est-ce pas le lieu où l’on apprend le mieux ce fameux « vivre ensemble » ? Une famille nombreuse c’est déjà l’apprentissage de la vie en société. Dans votre lettre, vous mentionnez la fraternité, la famille est bien le premier lieu où elle s’exerce. Alors, si vous le voulez bien, soutenez-la, rendez leur dignité aux familles nombreuses, montrez-leur par des mesures concrètes la reconnaissance de la nation.fraternite

 

Ainsi, voici quelques mesures à prendre :

  • revenir à l’universalité des allocations familiales, c’est une mesure de première importance pour une politique nataliste. Certains demandent de supprimer définitivement les allocations familiales pour les familles aisées. C’est une injustice profonde car quel que soit le niveau de vie, toutes les familles sont confrontées de fait aux mêmes coûts lors de l’arrivée d’un enfant et son éducation engendre un coût réel. Or une politique familiale digne de ce nom doit être une redistribution horizontale entre ceux qui ont des enfants et ceux qui n’en ont pas. C’est une juste reconnaissance et un encouragement à l’investissement que représente l’éducation des enfants ;
  • instaurer un salaire parental pour permettre aux parents qui le souhaitent de veiller eux-mêmes à l’éducation de leur enfant dans les trois premières années qui sont essentielles à sa construction ;
  • déplafonner le quotient familial qui n’est pas un avantage fiscal mais le simple reflet du niveau de vie des ménages ;
  • favoriser l’accouchement sous X plutôt que l’avortement. Cela permettrait de répondre aux fortes demandes d’adoption restées sans réponse ;
  • valoriser davantage la retraite des parents en accordant un nombre de points proportionnel au nombre d’enfants élevés. En nourrissant une famille nombreuse, ces parents-là auront mathématiquement moins épargné que les autres !
  • appliquer un quotient familial sur les autres prélèvements obligatoires comme la C.S.G.

Certes, ces mesures ne sont pas électoralement gagnantes car leurs fruits se voient sur le long terme, mais votre nom resterait dans l’Histoire ! Tournons nos regards vers l’Est, d’autres pays le font ! En Hongrie, toute famille s’engageant à avoir trois enfants en dix ans se voit octroyer des prêts et une TVA préférentielle pour l’achat d’une maison. La Russie a prévu un budget d’aide à la famille de 7,2 milliards d’euros jusqu’en 2020 avec le doublement de l’allocation parentale et la création du capital maternel (prime d’environ 9 000 € à la naissance du 2e enfant, qui doit être exclusivement destinée au logement, à l’éducation des enfants ou à l’épargne retraite de la mère). Les fruits sont là : dès 2017 le nombre de naissances dépassait le nombre des décès ! La Pologne est en train de voter la mise en place d’une retraite pour les mères de famille ayant élevé 4 enfants et plus, ne touchant aucune pension minimale : voilà une reconnaissance de la part de la nation bien méritée ! La famille est bien le ciment de la société, le refuge pour tous, il est grand temps d’en prendre conscience et d’en déduire les décisions qui s’imposent. Je ne doute pas, Monsieur le Président, que vous aurez l’intelligence et la clairvoyance pour le faire.

Mars 2019