Il est des activités qui à elles seules mettent en pratique ces trois notions d’apprentissage que nous venons de voir (l’éducation des sens, l’éducation des gestes et le rythme) ce sont les comptines mimées, les rondes et les jeux de cour que nos mamans et nos grands-mères nous ont apprises et qui semblent souvent oubliées.
Les comptines mimées rythment le corps et l’esprit, favorisent les reconnaissances auditives, enrichissent le langage et donnent une perception temporelle. Cet ensemble visuel, auditif, gestuel et rythmique assure un développement total de l’enfant, corps et esprit.
Ni poésie, ni chanson, la comptine est un rythme verbal, sorte de langage musical, un palier entre les jeux et l’expression de la pensée qui s’organise. Transmise par la voix, la comptine stimule l’oreille. Son rythme, sa brièveté, ses rimes favorisent la mémorisation. Comme elle plaît aux enfants, elle est l’objet d’une motivation donc d’une écoute attentive. Ainsi l’enfant répète avec plaisir et dans la joie.
Elles permettent d’éduquer la fonction rythmique, ce qui prévient les troubles du langage, assure une meilleure lecture, une meilleure diction. Elles servent :
à muscler les doigts (tenue du crayon et du pinceau) ;
à déclencher la dextérité manuelle en utilisant les connexions nerveuses très fines que nous avons au bout des doigts ;
Chez le tout-petit la comptine fera bouger tout le corps de l’enfant comme «Bateau sur l’eau», ensuite elle fera bouger les mains ensemble «Ainsi font, font, font, les petites marionnettes», puis les deux mains dissociées «Pomme de reinette» et enfin les doigts «Camille la chenille» …
Les rondes et les jeux prennent dans la vie des petits une importance toute particulière. Ils permettent aux enfants d’acquérir dans la joie les premières notions de rythme, d’adresse, de souplesse, la tenue nécessaire à leur développement corporel et constituent une excellente détente. La ronde est un jeu qui aide le jeune enfant à franchir une étape, celle de la socialisation. Donner la main à l’autre est déjà un acte important. Le fait de tourner la ronde avec les autres valorise l’enfant qui se voit agir en même temps que les autres. Sa réussite engendre la découverte d’un plaisir nouveau et lui donne envie de recommencer. La répétition assure la mise en place des réflexes. Elle est éducation psychomotrice, elle rend l’enfant moins pataud, plus habile, plus épanoui. L’enfant apprend à tourner en pivotant ses pieds et son bassin, à changer de sens, aller vers le centre, opérer un demi-tour sans lâcher les mains, passer sous quelqu’un, donc se baisser, s’arrêter et repartir selon les paroles… Elle fait appel à l’observation, à l’attention visuelle et auditive, l’habitue à mémoriser à s’orienter dans l’espace.
Il est regrettable dans notre monde moderne, responsable de plus d’une arythmie, de ne pas voir dans nos cours de récréation, les jardins publics ou privés… les mêmes engouements qu’autrefois pour les jeux de balles et de cordes, doublés de formulettes rythmées, de comptines, de chansons simples. En effet, les jeux de balles et de cordes, en plus de leur fonction rythmique, rendent l’enfant plus habile. Les yeux de l’enfant suivent l’objet en mouvement. Il s’ensuit une mise en place des réflexes visuels indispensables à l’écriture. Le geste est plus sûr, plus juste ; le graphisme, l’écriture, les travaux manuels vont s’en trouver améliorés. De plus, dans la vie, l’œil, la main et le cerveau devront travailler de conserve.