Après la méditation, vient l’acte, la résolution. Et cet acte doit être répété autant que possible pour devenir une habitude.
L’habitude permet de transformer un acte difficile en un acte facile, voire de faire d’un acte difficile un besoin élémentaire. Pour cela, identifier sans cesse de petites résolutions (orientées vers les grandes) lors de réflexions méditatives et les mettre en œuvre. Les choisir avec pertinence et les répéter. Puis dès qu’elles sont devenues habitudes, il faut en choisir d’autres, toujours de manière ordonnée à la sanctification, au grand but de la vie. La direction/paternité spirituelle trouve ici toute sa plénitude.
Les résolutions doivent être précises, particulières, adaptées à un contexte, à un lieu, à un moment, aux petites choses du quotidien. «Peu suffit à chaque jour si chaque jour acquiert ce peu... En effet, l’homme courageux n’est point celui qui accomplit quelque grand acte de courage, mais bien celui qui accomplit courageusement tous les actes de la vie».
L’action - Les règles de l’esprit
Florilège non exhaustif de règles de l’esprit, concrètes, appliquées pour éduquer la volonté.
Précision : ne jamais se coucher le soir sans avoir prévu les actions du lendemain. Et pas de manière générale, il faut des actions précises. Par exemple, ne pas se dire «demain, je révise les maths» ou «je fais le ménage», mais : «demain, je révise les formules trigonométriques» ou «je balaie le salon et cire le parquet».
Souplesse : se fixer des emplois du temps adaptés aux possibles circonstances, sans rigidité. Par exemple, si un travail intellectuel devient trop pénible, laissons-le de côté un moment, lisons un bon livre ou faisons une activité physique le temps d’être de nouveau opérationnel pour le travail intellectuel. En revanche, les temps répondant aux besoins vitaux (hygiène de vie) doivent être fixés et récurrents : heures de lever, de coucher, des repas, etc.
Fuir l’ennui : s’entourer de différentes possibilités d’agir sainement (sport, bibliothèque, jeux, services à la maison, etc.) et ne jamais être oisif.
Saisir les opportunités : capter les bons mouvements lorsqu’ils arrivent. Un mouvement pour lire un livre ? L’ouvrir. L’envie de se mettre au travail ? En avant, tout de suite.
Ne pas négliger «les minutes» : chaque instant compte. Cinq minutes avant d’emmener les enfants à l’école ? En profiter pour lire le paragraphe d’un livre, vider la poubelle, passer un coup d’éponge, etc. Autant que possible, faire tout de suite toutes les tâches de moins de cinq minutes qui viennent à l’esprit.
Aller au bout des choses : toujours terminer ce qui est commencé, quitte à le faire en plusieurs fois. C’est une règle essentielle : tout travail doit être bien fait et terminé. Apprendre aussi aux enfants à finir consciencieusement ce qu’ils ont commencé et à ne jamais bâcler, quitte à recommencer.
Une chose à la fois : ne faire qu’un travail à la fois, sans hâte ni agitation. Une fois un travail terminé, en commencer un autre. « Une activité qui ne sait pas se plier à la loi de ne faire qu’une chose à la fois est une activité désordonnée : dépourvue d’unité, elle volette d’objet en objet. Elle est peut-être pire que l’oisiveté, car l’oisiveté dégoûte d’elle-même, tandis que cette agitation par sa stérilité, finit par dégoûter du travail ; elle substitue à la joie si forte de la besogne «qui avance», le malaise, l’étourdissement, l’écœurement produit par les tâches multiples qu’on ne parvient pas à terminer. Saint François de Sales voit dans ces changements perpétuels «une ruse du diable».
Procrastination : ne jamais remettre au lendemain ce qu’on peut faire aujourd’hui. Effectuer chaque tâche au moment nécessaire, et à fond : Age quod agis (fais ce que tu fais).
Faire des pauses : il faut savoir s’accorder des temps de détente saine et physique. Par exemple, la promenade est une activité riche qui permet de s’adonner à la méditation, en plus d’aérer le corps.
L’action - Les règles du corps
Mens sana in corpore sano (Un esprit sain dans un corps sain). Tout le monde connaît l’adage. En effet, l’esprit a besoin du corps pour travailler et accomplir ses actes, en mobilisant l’attention et la réflexion sur un travail intellectuel et en mouvant ses muscles pour un travail manuel. Si le corps ne suit pas l’esprit dans ses ordres, alors immanquablement «le travail dépourvu de la joie pénétrante qui en est la récompense, est une tâche, une peine, une douleur».
Alimentation : plus on mange, plus de forces sont consacrées à la digestion. Et plus l’alimentation est déséquilibrée, plus les équilibres métaboliques du corps se dégradent, portant préjudice à l’ensemble de l’organisme, réduisant ses forces et, à la longue, pesant sur la volonté.
Respiration : régulièrement, surtout pour les travailleurs intellectuels, se lever et faire des exercices respiratoires. On peut aussi chanter et parler à voix haute, même seul (vérifier qu’on l’est bien…). L’aération des intérieurs est également importante.
Maintien : le maintien du corps est capital. En faisant l’effort de s’asseoir sans se vautrer, de se tenir droit, de savoir toujours tenir ses mains, on force le corps à respirer correctement et le dos à rester droit sans douleur : toutes les fonctions organiques en bénéficient.
Exercice et sport : le travail musculaire dès qu’il tend vers la fatigue devient douloureux ; savoir y résister n’est-il point de la volonté la plus haute ? On le voit : par lui-même, l’exercice est une école primaire de la volonté. Sous cet aspect, le sport est excellent et fondateur.
Repos - sommeil : le sommeil est un besoin vital qui requiert l’observance de deux règles d’or : ne pas se coucher trop tard et sauter à bas du lit dès le réveil. S’arranger pour ne pas avoir à travailler tard le soir. S’imposer de ne jamais dormir aux heures propices à l’effort car, très vite, l’habitude est prise de traîner.
Repos - récréation : vient en complément du sommeil. Les idées ne manquent pas : promenades, jeux (avec les enfants) si possible à l’extérieur, jardinage, cuisine, sport. Si possible, pas de jeux d’intérieur ou de livre. Surtout pas d’écran. Le but est d’aérer et de reposer l’esprit. Ces «récréations» sont aussi, surtout pour les enfants, des occasions de «leçon de choses». Ces leçons leur permettent de lier ce qu’ils apprennent non pas à la mémoire, mais à la réalité de la vie. Ainsi, en plus de récompenser le travail, toucher des arbres, tailler des rosiers, faire des confitures ou cultiver des plantes est une véritable école de vie.