Fatima et le devoir d'état

Dans une étude très fouillée intitulée « Fatima, salut du monde » et publiée à l’occasion du 70e anniversaire des apparitions dans le numéro 74 de l’AFS, Arnaud de Lassus revient sur l’histoire et le message de Fatima pris dans sa totalité avant d’étudier son contenu politique et ses conséquences pour notre vie quotidienne. C’est cette troisième partie que nous reproduisons ici en raison du rapport qu’elle entretient avec le thème du devoir d'état. Sans doute le salut de chaque nation dépend-il de sa consécration au Cœur Immaculé de Marie par ses propres évêques. Sans doute le salut des nations dans leur ensemble repose-t-il sur l’accomplissement par le pape et les évêques du monde entier des demandes concernant la Russie. Mais cet accomplissement lui-même dépend, pour une bonne part, de la mise en pratique, par les fidèles, de ce qui leur a été demandé ou indiqué à Fatima. D’où l’intérêt de bien connaître ces demandes et ces indications. Résumons-les..

1. Tout centrer sur le salutFatima 4 r


Ceux d’entre vous qui ont pratiqué les Exercices de saint Ignace connaissent le célèbre « principe et fondement » par lequel commencent les Exercices : « L’homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu, Notre-Seigneur et, par ce moyen, sauver son âme ». Cette nécessité de sauver son âme, de centrer nos activités sur le salut, de laisser tomber les futilités pour aller droit à l’essentiel est un leit-motiv de Fatima. « (...) ma mission, explique soeur Lucie, n’est pas d’indiquer au monde les châtiments matériels qui arriveront certainement si auparavant le monde ne prie pas et ne fait pas pénitence. Non. Ma mission est d’indiquer à tous l’imminent danger où nous sommes de perdre notre âme à jamais si nous restons obstinés dans le péché (. . .). N’attendons pas que vienne de Rome un appel à la pénitence de la part du Saint-Père pour le monde entier ; n’attendons pas non plus qu’il vienne de nos évêques dans leur diocèse, ni non plus des congrégations religieuses. Non. Notre-Seigneur a déjà utilisé bien souvent ces moyens et le monde n’en a pas fait cas. C’est pourquoi maintenant il faut que chacun de nous commence lui-même sa propre réforme spirituelle. Chacun doit sauver non seulement son âme, mais aussi toutes les âmes que Dieu a placées sur son chemin. » 

 2. La pénitence par l'accomplissement des devoirs d'état

Il vient d’être question de pénitence et de réforme spirituelle pour sauver son âme. C’est sur ce point précis que porte la deuxième indication pratique donnée par Fatima. « Voici la pénitence que le bon Dieu demande aujourd’hui, explique soeur Lucie : c’est le sacrifice que chacun doit s’imposer soi-même pour mener une vie de justice dans l’observance de sa loi. Et il désire que l’on fasse connaître clairement cette voie aux âmes, car beaucoup donnent au mot ‘pénitence’ le sens de grandes austérités, et comme elles ne se sentent ni force, ni générosité pour cela, elles se découragent et se laissent aller à une vie de tiédeur et de péché. Du jeudi au vendredi, me trouvant dans la chapelle avec la permission de mes supérieures, à minuit, Notre-Seigneur me dit : « Le sacrifice qu’exige de chacun l’accomplissement de son propre devoir et l’observance de ma loi, voilà la pénitence que je demande et que j’exige maintenant ». La pénitence demandée est donc celle qui résulte de l’accomplissement de nos devoirs d’état. C’est à la fois très simple et très réaliste. Nous savons que, pour bien ordonner nos vies, il faut répartir de façon équitable nos activités entre les multiples devoirs d’état qui nous incombent : devoirs d’état envers Dieu, envers notre patrie, envers nos parents, envers nos enfants ; devoirs d’état conjugaux ; devoirs d’état professionnels. Aucun devoir d’état ne peut être récusé tant que nous restons dans l’état qui nous l’impose. Faut-il rappeler ici le plus oublié de ces devoirs, le devoir d’état envers la cité, envers la patrie, le devoir d’état civique ? 

3. Deux remèdes : rosaire et dévotion au Cœur immaculée de Marie

Voici l’un des textes les plus explicites où soeur Lucie parle de ces deux remèdes. Il est tiré de son entretien avec le père Fuentès du 26 décembre 1957 : «…Ensuite le saint Rosaire. Regardez, Père, la Très Sainte Vierge, en ces derniers temps que nous vivons, a donné une efficacité nouvelle à la récitation du Rosaire. De telle façon qu’il n’y a aucun problème, si difficile soit-il, temporel ou surtout spirituel, se référant à la vie personnelle de chacun de nous, de nos familles, des familles du monde ou des communautés religieuses, ou bien à la vie des peuples et des nations. Il n’y a aucun problème, dis-je, si difficile soit-il, que nous ne puissions résoudre par la prière du saint Rosaire. Avec le saint Rosaire nous nous sauverons, nous nous sanctifierons, nous consolerons Notre-Seigneur et obtiendrons le salut de beaucoup d’âmes. » 

4. Prier pour le pape et les évêques

Il faut prier pour le pape, prier pour la hiérarchie, en particulier pour qu’ils acceptent de faire ce qui leur a été demandé à Fatima : consacrer la Russie, approuver la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie. Prier pour le Saint-Père a été une préoccupation constante des trois enfants de Fatima ; « Nous n’offrions à Dieu aucune prière ni aucun sacrifice sans lui adresser une supplication pour Sa Sainteté », racontait sœur Lucie. Il faut suivre l’exemple que nous donnent les trois enfants, en comprendre la portée. L’Eglise est hiérarchique ; ce qui relève spécifiquement de la charge du pape et des évêques est particulièrement important ; et personne ne peut le faire à leur place. D’où le devoir de prier pour le pape et les évêques, spécialement aux périodes où leurs défaillances nous accablent.